Extrait du journal

_ , ab U. Esquisse des travaux historiques de M. Michelet. A mesure que l'enseignement public se recrute à la Sorbonne de quelL nouvelle autorité dans la science et dans l'art de la parole, il semble _r que le devoir de la critique soit de signaler àla jeunesse qui fréquente les écoles le nouveau maître qui lui vient. M. Saint-Marc Girardin est allé porter à la poésie le charme inépui sable de sa spirituelle improvisation, et M. J. Michelet est] appelé à re cueillir l'héritage de M. Guizot. On sait quel est M. Saint-Marc Girardin ; voici quel a été jusqu'à présent M. Michelet. M; Michelet, sortit en 1817, des écoles de Paris, où il s'était fait re i, marquer par un esprit ingénieux et fin qui déjà tournait volontiers aux !•; méditations de l'histoire. Ce fut pour enseigner l'histoire qu'il rentra dans il- l'université. Ses élèves de cette époque n'ont pas oublié quel attrait il prê tait à un enseignement qui naissait à peine, et qu'il fallait réconcilier avec l'imagination prévenue des jeunes gens, presqu'autant qu'avec les frayeurs cachées de l'administration d'alors. M. Michelet sut échapper avec bonheur au double péril de cette épreuve. Cependant ses leçons semblaient alors uniquement fidèles aux tradi tions de ses maîtres. Mais déjà, vers le même temps, des travaux graves et solitaires le préparaient à porter dans ces leçons une inspiration plus personnelle, et à les produire, ainsi transformées, hors de l'enceinte des collèges, sur le champ de bataille de la science. Vico, qui appartenait encore tout entier à l'ltalie, présida dès lors à tous les travaux du jeune écrivain. Vico était dès lors le Virgile qui le conduisait par la main à travers les cercles que parcourent les nations dans le mystérieux voyage de l'humaine comédie. . Révéler Vico à la France, ce n'était pas seulement une pensée de recon naissance , c'était pour l'avenir une féconde inspiration. C'était peu de placer un beau livre de plus en regard du Discours sur l'histoire uni verselle; traduire la Scienza nuova, c'était poser les bases de la philo sophie de l'histoire. M. Michelet traduisit l'œuvre de Vice. Vico, avec l'inflexible rigueur d'une logique haute et simple, a décrit le cercle idéal dans lequel, au sein de 1 histoire générale, tournent les histoires particulières. 11 a marqué dans le monde le large sillon de l'hu manité, laissant aux historiens le soin de chercher dans cette voie et l'empreinte de chaque siècle et la poussière de chaque peuple. Chaque peuple chemine donc, en son temps, dans cette voie commune...