Extrait du journal
JEUDI 12 JUILLET Le comité de jurisconsultes fait de bonne, d'excellente besogne. Le Mémoire à consulter et la Consultation sur les dé lais dans lesquels les élections doivent être faites sont de véritables modèles d'argumentation politique et judiciaire. Le Mémoire à consulter, en particulier, nous paraît une œuvre achevée. Il est im possible de résumer une théorie consti tutionnelle avec plus de simplicité, plus de vigueur et plus de clarté. Jamais dé monstration n'avait été portée à un plus haut degré d'évidence. Il n'y a pas un es prit éclairé et sincère qui puisse résister à de tels argumens présentés sous une forme qui les met en relief et les éclaire en quelque sorte d'une lumière éclatante. On disait sous l'ancienne monarchie : « Le roi est mort, vive le roi! » afin d'in diquer que la souveraineté ne pouvait pas cesser d'exister un seul jour dans un Etat bien constitué. La vie nationale est à ce prix. Lorsque la souveraineté est suspen due dans un grand pays, fût-ce pour un temps très court, cet accident équivaut, comme le dit arec tant d'énergie le Mémoire à consulter, « à la suspension du principe » vital dans un corps organisé, e'est-à -» dire à une syncope qui, si elle se pro » longeait, pourrait être suivie de la » mort. » C'est l'état de la France en ce moment. La souveraineté ne résidant plus dans le pouvoir royal, mais dans la nation, du moment que les Chambres, qui représentent la nation, disparais sent, le pays est comme frappé de syn cope. Privé d'une partie des organes né cessaires à la vie, il reste fatalement affaibli, paralysé, exposé à les crises. Et qu'on ne croie pas qu'il s'agit ici d'un danger purement théorique. Le gouvernement de la France, il est constitué aujourd'hui, serait incapable de prendre à l'intérieur, si cela devenait nécessaire, une résolution importante, ou d'exercer à l'extérieur une influence véri tablement sérieuse et efficace. Il peut, il est vrai, maintènir l'ordre, faire respecter les lois existantes, prolonger les relations diplomatiques ordinaires ; mais il ne pourrait pas faire la moindre loi, créer le moindre impôt, conclure là moindre né gociation avec une nation étrangère. Il • profite de la force acquise; mais, dès qu'une force nouvelle serait nécessaire pour entreprendre quoi que ce soit au de dans ou au dehors, il serait obligé de s'arrêter. Soutenir le contraire, comme on l'a fait dans ces derniers mois, c'est remonter au delà de 1830 et dépasser en audace M. de Polignac lui-même. « A cette époque, dit avec raison le » Mémoire à consulter, on ne se serait » pas avisé de prétendre que le roi Char » les X, descendant auguste d'une mo » narchie de mille ans, et la Chambre des » Pairs, pouvaient à eux deux gouverner »et voter le budget, par exemple!.Si l'on...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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