Extrait du journal

Première représentation des Rendez-vous , comédie en trois actes et en vers , par M. Alexandre de Longpré. Les mœurs de la Régence sont des mœurs a part dans notre histoire , •des mœurs qui n'ont duré qu'un jour, et qui tranchent parfaitement «vec les deux siècles auxquels elles servent de transition. D'abord grande nation, imposante et sévère, puis natieu frivole et étourdie avant de •devenir une nation politique, voila la France. Elle pouvait passer plus honorablement du grand siècle à 89 ; le Régent et Louis XV ne 1 ont pas voulu. C'est une grande affliction de voir tout ce tard, toute celte poudre rose et blanche, toutes ces dentelles transparentes, toutes ces mouches au visage, tout ce vice dans le cœur ; ce sont des éventails qui se balancent, de jolis hommes qui font de la tapisserie, des femmes qui s'étendent, la jambe nue , sur des sophas qui parlent ; puis au pla fond , des amours avec des guirlandes , sur les meubles des amours, sur la vaisselle des amours, et pour toute poésie, l'idylle, la romance, le petit poëme déjà didactique pour son malheur; puis l'ivrognerie du cabaret, les combats à mort dans la forêt de Saint-Germain , les intrigues de laquais , les romans obscènes qui lont peur à lire , les aventures au bal masqué, les dettes sans fin , les sens trompés, au théâtre le drame larmoyai t et sentimental, les grands patrimoines qui se gaspillent avec des filles d'Opéra , les grands noms qui se prostituent à leurs voitures ; puis les héros mystérieux, les charlatans; puis la cour, puis la ville, puis des filles séduites qui se tuent, les cloîtres ouverts au scandale, et au dessus de tout, ce peuple d'oisifs et de libertins en beaux habits , oui mange , boit, fait l'amour, joue et se ruine, cette calme et impo sante puissance du lieutenant criminel, plus despotique mille lois que la...