Extrait du journal

Une nouvelle classe de jeunes gens de vingt ans part ces jours-ci aux Chantiers de la jeunesse. Les Chan tiers. comme on le sait, ne sont pas un libre rassemblement de jeunes gens d'âge divers, qui auraient déci dé de se grouper en marge de leur vie professionnelle, ou pour une pé riode de vacances ou de chômage. On ne trouve à leur principe ni une initiative privée, ni une tendance politique ou religieuse particulière. C'est le groupement obligatoire de tous les jeunes Français de 20 ans, réunis en un service national de huit mois. La loi du 18 janvier a en effet transformé en une institution per manente l'expérience tentée au len demain de l'armistice, dont la réus site était désormais concluante. Tout Français de 20 ans est donc tenu de donner à son pays, huit mois de sa vie, pendant lesquels il travaille â la fois, à la prospérité nationale et à sa propre formation virile. La formation des jeunes gens revêt toute son importance au lendemain de la défaite. Il ne faut pas qu'elle soit accablée par elle. Comme le di sait M. Pierre Dominique « la jeu nesse devra se sentir solidaire du passé pour en réparer les fautes, mais non pour succomber sous un sentiment d'infériorité. » M. Paul Claudel écrivait : « On dit toujours que la jeunesse est l'âge du plaisir; ce n'est pas vrai : c'est l'âge de l'héroïsme. » Les générations qui ont précédé la guerre avaient été se vré d'héroïsme aux heures où l'im mense majorité des gens, incons cients de toutes les menaces qui planaient sur nous, ne songeaient qu'à la douceur de vivre. A défaut de gloire militaire en perspective, c'est l'héroïsme moral que l'on s'efforce de cultiver, avec le sentiment de la grandeur de l'effort, dans les dures...