Extrait du journal

Nous avons reçu la lettre suivante :s Mon cher Directeur, Dans le numéro du 8 courant, le Journal des Débats, après avoir rendu compte de la statistique de la population pour l'année 1928, comparée à 1927, vous attirez l'attention de vos lecteurs sur les quelques gains réalisés par une légère diminution de la mortalité des enfants de moins d'un an, et vous ajoutez que c'est de ce côté-là surtout que l'on de vrait faire porter les efforts. Tout le monde est d'accord avec vous sur la nécessité de diminuer la mortalité, infan tile et nous avons fait en France, depuis ia guerre, de sensibles progrès so'uS ce rapport, •puisque la -proportion des décès de la pre mière année a été bn 1927 de 8,3 % des nais sances vivantes, alors qu'elle était, en 1901, de 14 %, et en 1913 de 11,4. C'est la Suède qui, en Europe, a le taux le plus bas de mortalité infantile, c'est-à-dire 5,1 %. En supposant que nous puissions des cendre en France à ce taux, nous aurions gagné en 1927, près de 24.000 existences. Cela eût été un beau résultat, mais il faut obscr- ' ver que la réduction de la mortalité infan tile d'une année considérée se traduit l'an née suivante par une diminution de la nata lité. En effet, au moins la moitié des enfants décédés est remplacée, au bout de quelques mois. C'est ce qu'on appelle la natalité de remplacement. Les enfants qui survivent ne donnent pas lieu à remplacement. En outre, ceux que l'on sauve sont trop souvent des sujets tarés 011 fragiles qui disparaissent avant l'âge adulte ou traînent une existence peu enviable. Il 11e faut pas oublier que si la France tient à conserver son rang de grande puis sance, ce n'est pas 24.000 ou 25.000 exis tences qu'il lui faut enregistrer en plus cha que année, c'est au moins x 00.000. Le nombre d'étrangers dont nous sommes obligés d'emprunter les bras pour faire nos ■besognes nationales n'est pas loin de 2 mil lions. Nous devons nous efforcer de les rem placer par des Français. Une augmentation d'environ 20.000 petits rescapés par an ne nous permettrait pas d'arriver à ce résultat avant cent ans. 11 faut donc autre chose que le souhait platonique par quoi les célibataires et les ménages sans enfants s'en remettent à •l'assistance publique et à l'hygiène du soin de relever notre population. Méfions-nous des formules paresseuses qui permettent de se dérober à son devoir. Je vous prie d'agréer, mon cher Directeur, l'assurance de mes sentiments les plus dis tingués. ' • AUGUSTE ISAAC, Président du Conseil supérieur de la natalité....