Extrait du journal
. Ti •/' v" PASTORALE Voulez-vous que nous parlions d'autre chose que dés scandales et des lâchetés de ces derniers temps ?: Oui, n'est-ce pas? Le jardin du Luxembourg, tout jardin i d'ailleurs, si petit qu'il soit, est char mant et délicieux en ce moment-ci, quand il y passe un rayon de soleil. La petite ver dure timide commence à pousser; les lilas •s'émeuvent ; les bourgeons naissent à la pointe des branches ; . les jardiniers.re ; muent la terre avec allégresse, et la terre elle-même semble joyeuse ; les oiseaux chantent à plein gosier; les canards sont en train, frétillent et bavardent. Les feuil les des arbres, .elles aù moins, ne seront pas des feuilles à scandale et la voix naïve des bons canards repose du bruit, plus désa gréable, de certains journaux. v « L'éternelle nature a toujours le même âge », comme chante un de mes amis. Son impassible régularité, avec le retour mo notone de sés saisons, n'inspire pas la tris tesse et ne verse pas l'ennui aux âmes pai sibles ; elle leur donne plutôt un conseil de sagesse et une leçon de sérénité. C'est peut-être à cause de leur beau jardin où ils peuvent aller faire un tour avant les séan ces que nos sénateurs sont plus tranquilles et moins nerveux que nos députés. Nous sommes tous devenus, même les sages, extraordinairement nerveux et surexcités depuis quelques semaines. Mais voici que le soleil de mars est" engageant ; le froid paraît avoir, pris congé de nous ; l'hiver s'éloigne; l'air est.amolli par une tiédeur printanière. Allons nous promener dans '-les jardins. Regardons les petits garçons jouer à la balle et les petites filles à la madame. Tout ce gentil monde est ignorant, ingénu et heureux. Refaisons-nous à nous-mêmes les yeux plus frais et l'âme plus naïve au spec tacle de leur innocence égayée. Ils valent mieux que nous, et ils ne pensent guère à nous en s'amusant. Ils font avec de petites pelles et un peu de sable des « maisons de poupée » qui sont moins compliquées que celle d'lbsen, et qui ne sont pas beau coup plus fragiles que des ministères. Ils ont le printemps, et le bonheur de vivre, dans leurs jolis yeux. Le fait seul de voir courir autour de soi cette volée de bam bins, de les entendre jaser et rire, en s'in téressant h leurs jeUx, puis de marcher en rêvant dans les allées, de respirer à pleins poumons l'air attiédi et de boire la lumière des premiers beaux jours, est un véritable enchantement. Croyez-moi, sortez de chez Vous, ne lisez plus rien, ne songez plus à rien ; contentez-vous de regarder la bonne nature accomplir une fois de plus son œu t vre maternelle ; écoutez, comme les bon nes gens des contes de fées, monter la sève...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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