Extrait du journal

Le gouvernement ne pouvait consentir à ce que lë représentant de l'autorité fût réduit à cette attitude passive et humiliante et qu'en présence d'attaques à la Constitution et d'ou trages aux pouvoirs publics il dût rester désarmé. C'est ce que M. Lepère a essayé de démontrer à la Chambre; il s'est efforcé de lui faire comprendre que dans l'intérêt même de la liberté de discussion il im portait que les réunions fussent paisibles, et qu'il était bien permis de prévoir le cas où le bureau serait impuissant ou bien encore malintentionné. Ce discours fort sage a particulièrement Scandalisé l'Extrême Gauche : « C'est l'apo théose du commissaire de police que vous venez défaire là» s'est écrié M. Marcou; vous nous le représentez comme « le missionnaire de la république », alors qu'il est tout au plus bon à jouer « le rôle du joueur de flûte dans le Forum romain. » Il faut avouer qu'après cette définition du rôle dévolu à l'agent de ! l'autorité dans les futures réunions, M. Ga tineau était presque fondé à demander que la loi n'en parlât point du tout et que l'article en litige fût purement et simplement supprimé. La Chambre paraissait goûter cet avis lors que M. de Freycinet est monté à la tribune pour demander à la Chambre de voter la ré daction primitive. Nousne sommes pas en core entrés, a-t-il dit, dans l'ère de la liberté il limitée, etungouvernement prudent doit pro céder par étapes ; telle qu'elle est, la loi ac tuelle constitue un progrès incontestable sur la législation antérieure, et il convient d'en faire d'abord l'expérience. M. le président du con seil a ajouté qu'il regrettait que l'article 10 eût été écarté, et que s'il avait été présent à la séance de mardi il n'eût pas manqué d'en demander le maintien. Cette déclaration a provoqué dans l'Assemblée des mouve mens aussi vifs que contradictoires ; M. Go blet en a profité pour demander l'ajourne ment de la discussion, auquel M. Lepère a déclaré s'opposer au nom du gouverne ment. La confusion était à son comble lorsque le président a fait observer fort à propos qu'il ne pouvait être question d'ajournement, mais bien d'un nouveau ren-...