Extrait du journal
Rentrée des anarchistes Les sectaires de l'anarchie, depuis plu sieurs mois, étaient rentrés dans le si lence et semblaient s'être résignés à l'inaction. Ils avaient compris, sans doute, que les temps ne leur étaient pas pro pices, et certaines mesures prises à leur égard avaient probablement contribué à leur faire faire quelques réflexions. Le vent qui souffle actuellement leur a-t-il •paru moins contraire? Ce qui est certain, c'est qu'on les voit sortir de l'ombre où ils s'étaient effacés. Ils recommencent à s'agiter, à parler et à écrire. Us se re mettent à leur propagande interrompue. On avait dit que M. Sébastien Faure, après ses longs démêlés avec la justice, avait eu quelques idées de retraite. Le fait est que, pendant assez longtemps, cet apôtre de l'anarchie n'a donné aucun si gne extérieur de son apostolat. Mais ce silence était du recueillement. Et, la se maine dernière, M. Sébastien Faure pro fitait du vendredi saint pour reprendre, au théâtre de la République, le cours de ses prédications. Les journaux, les publications anar chiques, qui, naguère, se donnaient pour mission de ranimer chaque jour le zèle des dynamiteurs et de répandre dans le monde le goût des explosifs ; ces feuilles, vouées spécialement au prosélytisme du crime, avaient disparu. Le Père Peinard et ses congénères avaient brisé leurs plumes. Les philosophes, les savants, les docteurs de l'anarchie avaient, eux aussi, suspendu leurs leçons. Mais ce n'était qu'une trêve. Les écrivains, les profes seurs d'anarchie ont repris courage. Et l'on annonce la création, sous les aus pices de M. Jean Grave, d'une nouvelle Revue, qui sera intitulée : Les Temps nouveaux. Ce ne sont encore là que de faibles essais de renaissance. Toutefois, ces premiers symptômes doivent être constatés et sur veillés. Ils s'ajoutent à d'autres faits, d'où l'on peut conclure que les sèctes ré volutionnaires, à quelque école qu'elles appartiennent, reprennent un peu trop de confiance. La réapparition des anarchistes et la reprise de leur propagande coïncident avec l'annonce d'une proposition,émanée du groupe socialiste, et qui dit avoir pour objet d'inviter la Chambre à abroger « les lois scélérates », c'est-à-dire les lois desti nées à réprimer les manœuvres etles pro vocations anarchiques. Les socialistes, d'ailleurs, tout en affirmant que les théo ries anarchiques ne ressemblent pas du tout aux leurs et qu'ils se proposent de les combattre,ne cachent pas qu'ils seront heureux de voir ces théories entrer dans une nouvelle période de propagande. « Ce...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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