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Journal des débats politiques et littéraires, 15 avril 1924

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Journal des débats politiques et littéraires
15 avril 1924


Extrait du journal

Ce ne sont pas seulement des paroles de politesse et de convenance que le président 'dé lai Chambre a prononcées en dôturantvla législature. M. Eaotiî Péret a rendu hom mage aux qualités réelles de la Chambre qui vient de se séparer. Cet hommage est mérité. Mise en présence d'une tâche sans précédent, ayant à la fois à réparer les dé sastres causés par la guerre et à sauvegarder la paix menacée par la mauvaise foi et la soif de revanche d'un débiteur récalcitrant, la majorité a dû prendre des mesures et voter des impôts qui ne répondaient pas aux espérances engendrées par la victoire. On a cherché à l'en rendre responsable, comme si l'on pouvait être responsable du déficit d'un héritage qu'on a bien été forcé d'accep ter sans pouvoir réclamer la clause « sous bénéfice d'inventaire ». Heureusement, le public, plus juste et plus intelligent que les partis politiques, se fend parfaitement compte des difficultés qu'il a fallu surmonter. Quoi qu'aient dit les vaincus, le scrutin du 16 novembre iqiçfh'a rien eu d'un vote de surprise. Le pays a parfaitement et cons ciemment exprimé sa volonté et ses espéran ces il y a quatre ans et . demi. Cette volonté n'a peut-être pas été toujours exactement i .réalisée et ces espérances ont été trop sou vent déçues. Mais, dans l'ensemble, la Çham- j bre a eu le grand mérite de ne pas perdre de vue l'intérêt national; elle a soutenu sans défaillance tous les gouvernements succes sifs danç leur défense dq traité de Versail les ; elle a eu lé courage civique de créer des ressources pour suppléer aux versements que l'Allemagne n'a pas faits et que nos alliés ne nous aidaient guère à obtenir ; elle a eu aussi l'héroïsme fiscal de résister à beaucoup des surenchères que les partis extrêmes, indifférents à la détresse du budget, n'ont cessé d'imaginer. On a pratiqué le chantage contre les députés qui ont serré le frein des économies, on a publié leurs noms, on les a dénoncés à la vindicte des intéressés qui n'ont pas obtenu satisfaction entière pour tous leurs desiderata. Ceux qui ne se sont pas laissé intimider ont droit à l'estime du con tribuable, et ils se rencontrent uniquement dans la majorité sortante. M. Raoul Péret, parlant au nom de toute la Chambre, ne pouvait trop souligner cette attitude de la majorité, mais il a eu raison de montrer par des faits, par des rappels opportuns de l'œuvre accomplie, que la Chambre des réparations n'a pas fait défaut à sa .mission et à ses engagements. Si son travail a été parfois décousu, inachevé, si ses débats ont squvent donné une fâcheuse impression di'ncohêrence, de lenteur et de bavardage, c'est à. sa tolérance, libérale mais excessive, à l'égard de l'obstruction des mi norités qu'il convient surtout de l'attribuer, il est temps que de meilleures habitudes s'in troduisent. au Palais-Bourbon ; il faut plus de travail dans les commissions, et surtout il faut que le travail des commissions ne soit pas si fréquemment détruit par des improvi sations hasardeuses en séances publiques. Il faut que. les interpellations se contiennent daiis des limites raisonnables; il faut aussi que les scrutins importants soient entourés de garanties qui leur manquent aujourd'hui. L'existence des groupes, à défaut d'autres mérites, devrait canaliser les discours et les scrutins. Elle a rarement cet avantage. Le règlement gagnerait à être revisé, et sur tout à être scrupuleusement respecté. Sur ce terrain l'accord s'impose entre tous ceux qui croient au régime parlementaire, que les pratiques actuelles démoralisent et déconsidèrent chaque jour. Les conseils du président, adressés aux députés sortants, visent en fait les députés de demain et sup posent qu'ils seront en grande partie les mê mes. C'est un souhait aimable auquel nous nous associons bien volontiers....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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