Extrait du journal

de sa tête un crime qu'elle n'a pas com mis. Hélène n'avait pu que soupçonner l'amour dont brûlait pour elle le cheva lier : lui parti, en butte aux obsessions du palatin Rudolf, elle a, pour y échapper, mis sa main d'enfant dans la main un peu ridée déjà mais ferme et loyale du comte Arnold. Rudolf n'a pas pour cela renoncé à ses desseins, et dès son entrée en scène on peut prévoir qu'il ne reculera devant rien pour les accomplir. Il vient sommer le comte de lui livrer le cheva lier Jean qui a maltraité ses soldats sous prétexte que ceux-ci essayaient de luti ner d'un peu trop près de jolies filles trop promptes à s'effaroucher. Et le comte Arnold serait peut-être im puissant à défendre son hôte contre ce terrible adversaire si l'empereur lui-même n'intervenait dans la querelle avec tout son prestige et toute son autorité. Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière, vient de lui déclarer la guerre et il a besoin pour le combattre de ses meilleurs che valiers ; il emmènera donc avec lui le comte dont il a éprouvé la bravoure et Jean qui l'a séduit par sa bonne mine et ses réponses pleines de franchise et de dignité. Quant à Rudolf, l'empereur le charge de gouverner en son absence la Silésie et de dispenser « à toute heure » Le châtiment et le pardon ! C'est ce qui peut s'appeler laisser le loup dans la bergerie. Au deuxième acte, le prince palatin a demandé un entretien à la comtesse Hé lène qui doit bien se douter du sujet sur lequel cet entretien va rouler. Humble d'abord, Rudolf se fait bien vite hautain et menaçant ; il a prié et supplié en es clave : maintenant il parle en maître et jure de se venger : Ah! comment la frapper? Et par qui ? Mais, mon Dieu ! par ce petit page qui semble être venu là tout exprès. Il se nomme Albert et soupire en s'accompa gnant sur sa guitare, avec une voix aussi...