Extrait du journal

Grand-Théâtre n'avait plus ni directeur ni subvention ; le directeur venait de mourir et la subvention avait été teller ment réduite que c'était comme si elle n'existait plus. Allez au Sud, allez au Nord, à l'Est ou à l'Ouest, c'est partout à peu près la même chose : un répertoire usé, des troupes insuffisantes ; de temps en temps un artiste de quelque mérite, mais qui ne fait que passer. Les muni cipalités, qui, dans bien des villes, font ce qu'elles peuvent, ailleurs ne font pas ce qu'elles devraient. Et que fait donc votre municipalité parisienne si puissante et si riche, pourrait-on me répondre? Elle ne parvient mênie pas à se donner le luxe d'un Théâtre-Lyrique et s'en tient à des expériences si bien préparées, si habile ment conduites qu'elles sont infaillible ment destinées à péricliter. Il n'y a pourtant qu'un Théâtre-Lyrique bien organisé, bien dirigé, qui pourrait reconstituer le répertoire classique et former de véritables chanteurs. Ceux qui sortent du Conservatoire avec des con naissances un peu superficielles achève raient là de s'instruire et se familiarise raient avec certaines œuvres dont on ne leur a montré, au cours de leurs études, que de rares échantillons. Je le dis aux jeunes chanteurs, je |le dis aussi aux jeunes compositeurs : faites de l'art moderne, mais soyez classiques d'abord. Les plus hardis novateurs, dans tous les genres, ne vous ont-ils pas avoué que c'est par là qu'ils avaient com mencé ?...