Extrait du journal

Le journal la Voix du peuple publie atijdur l'hui un numéro exceptionnel dont on lira plus loin quelques extraits. Nous regrettons de né pas pouvoir en reproduire les illustrations, qui sont encore plus suggestives que les articles : il faut nous contenter de les décrire. C'est à l'occasion des Conseils de revision que le jour nal socialiste a fait cette œuvre de propagande, très digne d'être rapprochée de l'appel adressé aux « soldats » par l'Association internationale antimilitariste des travailleurs. Le gouverne ment, on le sait, a déGidé des poursuites contre les auteurs de ce factum : que fera-t-il contre la Voix du peuple t II n'est que temps d'user de tous les moyens que la loi lui donne pour met tre un terme à ces prédications criminelles, et qu'il en demande de nouveaux aux Chambres si les anciens ne suffisent pas. Nous ne qualifie rons pas les articles et les images de la Voix du peuple. Rien ne serait plus inutile pour nos lecteurs qui serontindignôs comme nous de cette orgie d'antimilitarisme, et qui se demanderont avec angoisse si l'idée de patrie, accompagnée des notions de devoir et de sacrifice qui s'y ratta chent, peut résister indéfiniment à de pareilles attaques. Les tolérer, serait les encourager. Il faudrait faire le deuil de la France elle-même, de ses traditions et de ses espérances si ces conseils de lâcheté pouvaient être impunément adressés à nos conscrits, sous une forme gros sière; ignoble, qui déshonoré l'esprit en même temps qu'elle avilit les cœurs. On a reproché à l'Empire les désastres où il nous a conduit : ils sont dus en effet à de grandes fautes poli tiques, suivies de grandes fautes militaires, qui engagent la responsabilité d'un gouverne ment. Mais l'âme française était restée haute et fière en 1870, et les pires malheurs ne l'ont pas entamée. En serait-il de même dans quel ques années, si la propagande actuelle se con tinuait sans entraves efficaces, et quelle serait alors la responsabilité de la République? On pourrait dire qu'elle a fait faillite à la patrie. Cela ne saurait être ; cela ne sera pas. Le mouvement qui nous entraîne se dé veloppe de jour en jour avec une rapidité de vertige. Les dangers qui nous menacent du dehors, ou du moins car nous ne voulons rien exagérer, lés préoccupations dont nous sommes assiégés semblent avoir donné une ardeur plus grande à l'àntimilitarisme qui au rait dû en être paralysé. C'est le moment de se montrer; cachons-nous, fuyons, levons la crosse en l'air, tendons la main aux soldats étrangers, tirons sur nos officiers ! Telles sont les exhortations que la presse socialiste adresse aux jeunes conscrits. Ne nous y trompons pas, elles font des ravages. M. Jaurès est bien dé passé 1 M. Hervé triomphe et, tout condamné qu'il est, mène la sarabande. M. Jaurès, il y a quelques semaines à peine, présentait M. Hervé comme un original, un peu fou peut être, mal équilibré à coup sûr, mais enfin comme une exception dans son parti. Il le dés avouait, sans oser se séparer de lui : à quoi bon? qu'y avait-il là de dangereux? Aujour d'hui, M. Jaurès, de plus en plus abandonné par ses troupes, se contente de faire de la di plomatie ultra-pacifiste, tandis que M. Hervé continue sa campagne contre l'armée et la patrie avec un succès grandissant. M. Jaurès...