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Journal des débats politiques et littéraires, 16 janvier 1834

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Journal des débats politiques et littéraires
16 janvier 1834


Extrait du journal

PARIS, 15 JANVIER, Pendant quelques jours, le public des diffërens journaux de l'Opposition a dû se trouver fort embarrassé. Les uns lui parlaient de la rétractation du ministre des affaires étrangères, les autres, de la rétractation des membres 4e l'apposition. Que penser de tout cela , et qui s'est rétracté? Est-ce le ministère, est-ce l'Opposition ? 11 nous semble qu'au lieu de se jeter mutuellement à la tète ces mots de rétractation, sans dire sur *«oi porte la rétractation, il vaut mieux poser nettement la question.' Notis écartons d'abord la-question des traités de 1815; peu nous importe que • l'Opposition ne les ait pas toujours avoués et lés avoue maintenant C'est là un débat purement historique; car il ne s'agit plus pour personne de savoir si on rompra çes traités ou si on ne les rompra,pas. L'événement a décidé : ils n'ont pas été rom pus, voilà qui est certain; ils ont été modifiés par le cours des choses et ils pourront l'être encore, voilà qui est certain encore. Mais aujourd'hui il ne s'agit pas de ces traités; il s'agit de l'Orient; il s'agit de la Porte Ottomane, qui n'est point mêlée dans les i traités de 1815. | '' . „ , . Or, sur la question de l'Orient, M[. de Broglie a-l-il dit oui la veille et non le lendemain? Voilà le point du débat. M. de Broglie a dit oui ia veille, quaud il a adhéré au discours de :M. Bignon; et que disait dpnc M- Bignon ? Qu'il ne fallait pas laisser tomber l'Empire ottoman au profit de la Russie seule. Cette idée est fort juste, et c'est pour cela que, le ministère y a adhéré, et il y a adhéré sans péiue, sans effort, et je dirais même sans mérite, puisque depuis long-temps il est facile de voir que le maintien de i l'Empire ottoman ou -son juste partage est une des idées domi nantes du cabinet actuel. 4, Après avoir hautement avoué cette idée que le ministère «t M. Bignon n'ont inventée pi l'un ni l'autre, et qu'ils ont prise au bon sens public, M. de Broglie l'a-t-B le lendemain rétractée et désavouée? A-t-il dit qu'il voulait la chute de l'Empire ottoman au profit de sesyoisins? A-t-U dit qu'il faudrait supporter un pareil événement, et que la paix de l'Europe étant àce prix, il fallait tout sacrifier au maintien de la paix? A-t-U laissé entendre que dans ce cas il faudrait se contenter de protester et ne point reconnaître ces nouvelles conquêtes de l'Empire russe? Voilà comme il eût fallu qu'eût parlé M. de Broglie pour se réfracter ; voilS comme il s?esi. bien gardé de parler; car c'eût été démentir toute la politique du. ministère actuel. Un traitéj a été fait le 8 juillet entre la Porte et la Russie; L'Opposition tonne contre ce traité. A merveille ! Mais tonner n'est rien en politique non plus qu'au barreau; il faut conclure : or, la conclusion de l'Opposition est-elle que le ministère fasse.annular ce traité? Si c'est là la conclusion de l'Opposition, l'Opposition n'est point difficile eu fait de garantie, et elle se contente à bon marché; car annuler le traité du 8 juillet , ce n'est point annuler les périls de l'Empire Ottoman, c'est déchirer un chiffon de papier. Une pareille conclusion serait puérile. Si au contraire, l'Opposi tion conclut qu'il faut, sans s'occuper du traité du 8 juillet, em pêcher la chute de l'Empire Ottoman, bu empêcher sa chute au profit de ses seuls voisins, l'Opposition conclut comme le ministère agit depuis uri'an. ; ; L'Opposition , qui aime les mots, ne comprend point un gou vernement qui laisse les mots pour aller aux choses; elle crie sans cesse : Le traité du 8 juillet ! le traité du 8 juillet ! Eh ! qu'a donc fait ce traité ? Qn'a-t-il donc créé de nouveau ? Le traité du 8 juillet n'est qu'un des mille symptômes de la décadence de l'Empire Ottoman; c'est de cette décadence qu'il faut s'occuper et non des signes qui l'expriment. Laissez là le traité du 8 juillet ; laissez les mots pour aller aux choses. Or, quant aux choses, le traité du 8 juillet n'a rien changé ; il ne les a faites ni pires ni meilleures. Nous irons plus loin : il ne convient pas à la dignité de la France de savoir qu'il y a un traité du 8 juillet ; elle ne le connaît pas : il ne crée pour elle aucun devoir, aucun obstacle ;il ne donne àla Russie aucun droit sur la Porte, sinon ceux de la force sur la faiblesse. A l'égard de l'Europe , le traité qu'il a plu à la Russie dé faire avec la Porte et tous ceux qu'il lui plaira de faire ne sont rien; ils n'ont aucune existence, aucune autorité. Ce sont des faits nés de la force et qui peuvent se défaire par la force. C'est ainsi qu'il faut, selon nous, considérer le traité du 8 juillet ; il n'a rien chartgé pour nous ;il nous dit seulement ce que nous savions avant lui, que la Russie est plus forte que la ,Turquie , et qu'elle la protège pour l'écraser; il nous dit aussi ce que nous savions avant lui, qu'il faut combattre cette protection dévorante. Le ministère français a.toujours regardé le traité du 8 juillet sous ce point de vue\,ll ne le reconnaît point; il lui dénie toute existence légale ; il ne le" reçoit pas dans la famille des traités qui règlent l'ordre européen ; il ne lui attribue aucun effet pour légi timer une nouvelle intervention de la Russie dans les affaires de la Porte Ottomane. Que la Russie le révoque ou le maintienne, peu importe. La France, qui ne l'a point connu quand il lui a plu d'être, ne le connaîtra pas davantage quand il lui plaira de n'être plus. Elle n'en croira pas,la Russie moins ambitieuse çt moins protégeante à l'égard de la Porte. Ëlle ne s'en croira pas moins obligée elle-même à empêcher l'effet decette protection, si elle l'exerce par des interventions précédées où non de traités. Nous n'avons jamais conçu, nous concevons moins que jamais; aujourd'hui que la chaleur de nos querelles de trois années sem ble s'apaiser, cette manie qu'a l'Opposition de représenter notre...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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