Extrait du journal
Pùen n'égale l'impatience avec laquelle tout Paris attendait ce.soir le résultat des premières délibérations de la Chambre élective : chez eux, et dans les salons qu'ils ont coutume de visiter, les députés étaient harcelés de questions sur toutes les circonstances de la discussionqui s'est engagée ce matin surl'Adresse.Nous avons rassemblé et coordonné tous les renseigacniens qu'il nous a été possible de recueillir, et nous %Vons, à la hâte, tracé, sur le comité secret d'aujourd'hui, une esquisse à l'exactitude de laquelle nous avons lieu de croire, et qui donnera du moins une idée de cette importante discussion. Jamais l'assemblée n'avait été aussi nombreuse. On assure que l'on comptait plus de 400 membres présens (le nombre des députés est de 430). Tous les ministres, 9 l'exception de M. de Courvoisier, siégeaient sur leur banc. M. Dudon était, dit-on , présent; mais comme ses pouvoirs n'ont point été vérifiés , il se trouvait placé en dehors de la discussion. .> r. . • . * K Dès l'ouverture de la séance, M. le président a fait; dit-on , une première lecture du projet d'Adresse présenté par la commission ; cette lecture a été écoutée dans le plus profond silence. Nous nous bornerons à transcrire les principaux passages de l'Adresse, tels qu'ils nous ont été récités, sans rien affirmer sur l'exactitude des termes. L'ordre des idées paraît "être le même que dans le discours de la Couronne. Dans le quatrième paragraphe, des vœux sont exprimés pour le succès des soins que le Roi consacre de concert avec ses alliés , à la réconciliation des princes de la maison, de Bragairce. Ce paragraphe est, dit-on, à peu près terminé de la manière suivante : « Il est digne de la sollicitude de Y. M. de mettre » un terme aux maux qui affligent le Portugal, sans porter atteinte au » principe tutélaire de la légitimité qui est inviolable pour les » Rois non moins que pour les peuples, » Le paragraphe -relatif, à la guerre d'Alger- serait aihi." „>nçu : H \ . M. juge ne pas devoir différer plus long-temps de poursuivre » l'éclatante réparation d'une insulte faite à son pavillon. Nous atten -0 drons avec respect les communications qu'elle croira peut-être néces » saire de nous adresser sur un sujet qui touche à d'aussi grands inté » rêts. Sire, toutes les fois qu'il' faudra défendre la dignité de votre > couronne et protéger le commerce national, V. M. peut compter - sur l'appui de ses peuples comme sur leur courage. » ' Si nous sommes bien informés, les paragraphes suivans sont rela :ifs aux diverses mesures annoncées par le discours de la couronne et destinés à améliorer le sort des militaires en retraite, à régulariser rotre système d'amortissement et l'organisation du crédit public. Viendraient ensuite de hautes considérations sur cette sécurité dé 'avenir, qui seule peut féconder les bienfaits que la sollicitude du nonarque destine à ses peuples. Cette partie de l'Adresse serait à peu près rédigée en ces termes : « Accourus à-votre voix de tous les points du royaume, nous ve > riens déposer au pied de votre Trône, l'hommage d'un peuple ) fidèle, encore ému de vous avoir vu le plus bienfaisant de tous au > milieu de la bienfaisance générale, et qui vénère en vous le modèle 1 accompli des plus nobles et des plus touchantes vertus. » Sire, le peuple chérit et respecte votre autorité. Quinze années > de paix et de liberté dont il est redevable à votre frère et a vous - ont profondément enraciné dans son cœur la reconnaissance qui > l'attache h votre auguste dynastie. Sa raison, exercée par l'expé . rience, lui dit que, e'est surtout en matière d'autorité que l'an > tiquité de la possession est le plus saint do tous les titres, et que, > c'est pour son bonlieurnon moins que pour votre gloire, que les > siècles ont placé votre trône dans une région inaccessible aux orages. > Sa conviction s'accorde avec son devoir, pour lui présenter les i droits sacrés de votre couronne comme la plus sûre garantie de sa > liberté, et l'intégrité, l'inviolabilité de vos prérogatives, comme la i sauvegarde de ses droits. » Cependant, Sire, au milieu des sentimens unanimes de respect > et d'affection dont votre peuple vous entoure, il se manifeste dans > les esprits une vive inquiétude qui trouble la sécurité dont la > France avait commencé à jouir, et qui, si elle se prolongeait > pourrait devenir funeste à son repos. Notre conscience, notre « honneur, la :fidélité que nous vous avons jurée et que nous vous > garderons toujours, nous imposent le devoir de vous en dévoiler la ) cause, » Sire, la Charte que nous devons àla sagesse de votre auguste . frère, et dont Y. H. a la ferme volonté de consolider le bienfait > consacre comme un droit l'intervention du pays dans la discussion » et la délibération des intérêts publics. Cette intervention devait > être; elle est indirecte et sagement circonscrite dans des limites J exactement tracées que nous ne souffrirons jamais que l'on ose > tenter de franchir. Mais elle est positive dans son résultat ; car elle > fait du concours des vues politiques de votre gouvernement avec » les vœux de votre peuple la condition indispensable de la marche > régulière des affaires publiques. » Sire, notre loyauté, notre dévouement nous condamnent 'S vous » dire que ce concours n'existe pas. Une défiance injuste des senti » meps et de la raison de la France est aujourd'hui la pensée qui . domine l'administration. Yotre peuple s'en afflige, parce qu'elle » est injurieuse pour lui; il s'en inquiète, parce qu'elle est mena » çante pour ses libertés. Çette défiance ne saurait approcher de » "Votre noble cœur. Non, Sire, la France ne veut pas plus de l'anar ) cbie que V. M. ne veut du despotisme. Elle mérite, que vous ayez » foi dans sa loyauté, comme elle a foi dans vos promesses. » Que la haute sagesse de V. M. prononce entre ceux qui mécon » naissent usa: nation si calme, si fidèle, et nous qui, avec une > convictiou profonde, venons déposer dans votre sein les douleurs...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - de courvoisier
- dudon
- france
- saint germain
- alger
- couronne
- ur
- reims
- v. m.
- comité secret
- vons
- chambre