Extrait du journal

Les bonnes âmes qui se demandent pour quoi les modérés ne veulent pas entrer dans un ministère ouvert aux communistes n'ont qu'à lire dans l'Humanité de ce matin un manifeste officiel du parti pour réclamer une intervention en Espagne. Noturellement, c'est pour « sauver la paix » qu'on nous demande de faire la guerre. Ce mépris du sens des mots donne la nausée. Le meilleur moyen de sauver la paix, c'est de ne pas faire la guerre, et de ne pas nous mêler à celles qui existent quand elles ne nous regardent pas. C'est par amour de la France, nous disent ces nationalistes de la nouvelle école, qu'il faut la mettre en guerre contre l'Allemagne et l'ltalie. Car sur ce point au moins ils ne cachent pas leur jeu. L'Allemagne et l'ltalie sont nommées en toutes lettres. La France doit intervenir parce que l'Allemagne et l'ltalie ont des troupes en Espagne. « En mettant fin à la prétendue politique de non intervention qui nous a conduits au bord de l'abîme, la paix peut être sauvée. » Il y a là un aveu qui est à retenir. Notre politique de non-intervention n'a pas toujours été sin cère, elle a été trop souvent une « prétendue politique de nondntervention », Oui, et c'est bien cela qui nous a conduits « au bord de l'abîme ». Il n'est pas inutile, il est même plus néces saire que jamais de protester, d'alerter l'opi nion contre de telles folies homicides, à l'heure où l'avènement d'un ministère peu rassurant à cet égard facilite le travail de propagande de l'U.- R. S. S. Si indécise et molle que soit encore la réaction du public en face de périls dont nul n'ose plus nier l'imminence tragique, il est bien certain que le pays ne veut être mis d'aucune manière au service de la révolution mondiale, pour éviter ce soin à ceux qui nous conseillent de nous en charger pour eux. Que l'invincible armée russe se couvre de gloire, elle en a plus besoin que îa nôtre. Notre « amour de la France » n'a pas de prétentions plus hautes que de défendre la sécurité de la France. Nous laissons les autres régler en famille leurs affaires intérieures, avec l'humble désir que les autres ne se mêlent pas non plus d'arranger les nôtres. C'est un système qui n'a rien de commun avec là gloriole, mais qui suffit à notre mo destie de peuple pacifique, civilisé et indé pendant. Nos communistes ont de plus vastes ambitions ; libre à eux de les prêcher et de les suivre dans leur patrie d'élection, qui n'est pas celle où un fâcheux hasard les a fait naître. Il n'y a pas longtemps qu'ils s'in titulent parti communiste « français ». Il n'y a pas longtemps qu'ils invoquent l'intérêt national en pariant du nôtre. Ces jours der niers encore, un de leurs sympathisants les plus notables rappelait le principe de Karl Marx déclarant qu'en temps de guerre l'en nemi, pour la classe prolétarienne, c'est la classe bourgeoise de son propre pays. Nos balles seront pour nos généraux, proclame le chant sacré de l'lnternationale. Le bloc en fariné ne nous dit rien qui vaille. Nous nous excusons de notre méfiance, mais nous- n'en vions pas ceux qui ne la partagent pas. A, ALBERT-PETIT,...