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Journal des débats politiques et littéraires, 16 mai 1895

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Journal des débats politiques et littéraires
16 mai 1895


Extrait du journal

Le volumineux rapport que M. Laurent-Cély vient de présenter au Conseil général, au nom de la majorité de la commission chargée de l'enquête sur l'affaire de Cempuis, ne nous révèle rieu de bien nouveau. La discussion sur les mérites ou les dangers du système d'éducation imaginé par M. Robin nous parait pour l'instant épuisée. Ce que le rapport con tient de plus intéressant, c'est la comparaison de ce que Cempuis devait être, sans doute d'a près les idées de son fondateur, et de ce que Cempuis est devenu. M. Prévost, le créateur de l'orphelinat, parait avoir eu un cœur généreux et un esprit droit. Sorti du peuple, il avait créé cet asile pour obéir àun vœu de son père qui lui recom manda, s'il arrivait à la fortune, de ne jamais oublier d'où il était parti. Il laissa un testa ment aux termes duquel il léguait tous ses biens au département de la Seine, à charge d'entretenir son établissement de Cempuis. Il nommait en môme temps un comité de onze membres chargé dé choisir le directeur et l'instituteur, sous réserve de l'approbation du département de la Seine. Ce comité était composé d'une façon très éclecti que. On y voyait, entre autres, les noms de MM. Athanase Coquerel, de Pressensé, Vache rot, qui ne peuvent pas précisément passer pour des athées; et, d'ailleurs, une des premières phrases du testament indiquait net tement les croyances spiritualistes de M. Pré vost. « Mon plus grand désir en retournant à Dieu, disait-il, est d'assurer à perpétuité le maintien de l'Œuvre que j'ai entreprise. » Si l'on se reporte maintenant au rapport do l'in specteur général de l'instruction publique chargé en 1892 de visiter l'établissement, on voit que « le programme de Cempuis est le môme que celui des autres écoles primaires du département de l'Oise, sauf que M. Robin a donné plus d'importance au chant et sup primé le dernier paragraphe du programme, celui qui concerne les devoirs envers Dieu ». Evidemment, cette suppression ne répondait pas du tout aux intentions du testateur. La modification s'explique par la retraite du co mité institué à l'origine, et par l'influence pré pondérante que le Conseil général a prise sur la gestion de l'établissement. Mais enfin le contraste est frappant : M. Prévost était déiste et on a fait de son école, à laquelle il avait lé gué toute sa fortune, le type de l'école « sans Dieu ». Un tel précédent, on l'avouera, n'est pas fait pour encourager les personnes géné reuses et spiritualistes qui pourraient avoir l'intention de charger le département de la Seine d'entretenir, après elles, les Œuvres d'instruction ou de bienfaisance fondées par leur initiative....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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