Extrait du journal

M. Albert Lebrun a rendu au président Armand Fallières un hommage qui n'est pas simplement protocolaire. Comme président du Sénat et comme président de la République, Armand Fallières a joué un rôle plus effectif qu'on ne l'a cru et dit généralement. était réellement modeste. Ainsi que l'a rappelé hier M. Jeanneney, il n'était pas de ceux qui com posent savamment le dossier de leur renom mée ; il priait ses amis particuliers d'être discrets sur sa personne ; il avait une réelle bonhomie, qui n'enlevait rien à sa finesse méridionale, mais qui la dissimulait volontiers aux observateurs inattentifs. Il avait des idées, il les défendait sans agressivité, mais avec suite et persuasion. Il était patriote, comme, l'était sa génération qui avait défaite de 187b ; il était fils de la Républi que « belle sous l'Empire », c'est-à-dire telle qu'on la concevait alors qu'elle n'était qu'un rêve. Il croyait au progrès ordonné, réfléchi; Il n'avait pas attendu d'être président du Sénat pour proclamer la nécessité d'une Chambre Haute dans une libre démocratie. M. Lebrun a rappelé hier ses paroles sur ce point ; elles sont toujours d'actualité. Justement, avait lieu hier une élection sé natoriale dans la région et dans le dépar tement qui la caractérise le mieux, en HauteGaronne. Elle a montré que la campagne du Populaire et de l'Humanité « Sus au Sénat » n'a pas porté. Il s'agissait de remplacer M. Lucien Saint, radical-socialiste. Il est rem placé par un candidat de même nuance. L in térêt n'est pas là. Il est dans la mésaventure subie par le candidat socialiste. Il a 78 voix voix de moins que le candidat socialiste au scrutin de 1932. Ceux qui parlent de poussée socialiste et antisénatoriale ont de l'imagina tion. La vérité, c'est que le pays est écœuré des manifestations de désordre et de paresse qui troublent son travail et menacent son existence. Tout le monde éprouve le besoin d'une « pause » dans la danse de saint Guy. On demande un gouvernement qui gouverne, on sent que le Sénat est une des bases d'un tel gouvernement. Sur ce point au moins, la propagande révolutionnaire a fait long feu, et sans doute ne së serait-elle pas engagée à fond sur ce terrain si elle ne subissait des influences étrangères incapables de nous comprendre....