Extrait du journal

De plus, on commence à dire que la Chine, dont les Anglais pensent avoir si facilement bon marché, est dans un plus sérieux état de résistance qu'on ne le croyait. Si Chinois qu'on puisse être- et si plongé qu'on, soit, par une longue routine, dans le mandarinat bureaucratique et ad ministratif, on est toujours instruit par les leçons de l'adversité. Il paraît que nous ne sommes pas les seuls ; et les Chinois, dit on, depuis la visite étrangère qu'ils ont reçue en 1860, se sont sérieusement appli qués à réformer leur organisation militaire et à refaire leurs armemens et leurs forti fications. Ils n'en sont plus aujourd'hui, comme ils étaient il y a trente ans, à vou loir effrayer les barbares en leur montrant dés effigies de lions et de tigres ; ils ont des canons Armstrong, des fusils capables de faire merveille ; ils construisent des forts pour garder les rivières et ils ont même des torpilles. Ils ont, depuis plu sieurs années, fait des provisions d'armes européennes ; ils n'ont peut-être pas en core acquis la manière de s'en servir, mais, avec la facilité d'imitation qui est chez eux un don naturel, ils n'auraient sans doute pas à faire une longue école. Ces perspectives ne laissent pas de faire réfléchir les Anglais. Sans doute, ils ne peuvent pas être inquiets de l'issue d'une guerre avec la Chine ; mais, comme nous l'avons déjà dit, la victoire même se rait un fardeau et un danger pour eux:. Pour parler familièrement, ils seront bien avancés quand ils auront la Chine sur les bras ! C'est un .vieux préjugé et une grande erreur de croire que les Anglais sont ani més de la soif de la conquête et de l'an nexion. Toute leur histoire dans l'lnde montre le contraire. Jamais ils n'ont fait dans l'extrême Orient des adjonctions de territoire qu'à leur corps défendant ; l'ex tension progressive et démesurée de leur domination leur a été imposée par la né cessité de la défense. Ce qui les inquiète donc le plus aujour d'hui, c'est la crainte, une fois entrés dans le cœur de la Chine, de ne pas pouvoir s'en...