Extrait du journal
Bruxelles, le 12 août. Au moment où la déclaration de guerre parut imminente, je me trouvais à Bruxelles. La ville était en pleine effervescence, plus agitée peut-être que Paris que je venais de quitter ; on atten dait... Ce qui vint, ce fut l'ultimatum alle mand ; la réponse ne se lit pas attendre, les sentiments du peuple entier la dictaient. J'appris alors qu'une seule crainte avait, 1111 instant, agité les Belges : la rupture de la neutralité belge par les Français, ce qui eût obligé la Belgique à se défendre contre la France et ce que l'on considérait comme bien difficile. Lorsque le peuple apprit que c'était con tre les Allemands qu'il allait se battre, ce fut un enthousiasme indescriptible, où il entrait un sentiment de soulagement de pouvoir combattre avec ceux qu'on estime et qu'on aime, contre ceux qui toujours se trouvèrent, parleur caractère et par leurs agissements, en opposition avec le senti ment public. Avant même que le roi eût envoyé sa ré ponse, si digne et si fière, à l'arrogant ulti matum allemand, le peuple était soulevé par les sentiments les plus nobles et partait à la frontière pour défendre son indépendance nationale. Nation neutre, peu préparée à la guerre, la Belgique s'est trouvée animée, en un instant, d'une âme guerrière et d'un génie militaire qui font l'admiration 'de l'Europe. Dès le premier instant, les Français furent acclamés à Bruxelles, et la Marseillaise re tentit maintes fois dans les rues; depuis que" les troupes françaises foulent le sol belge, l'enthousiasme a grandi encore; lorsqu'une auto conduisant uii officier français passe à travers la ville, ce sont des acclamations sans tin; le cri de : « Vive la France! » re tentit à tout moment, poussé par une foule qui ne sait comment témoigner sa satisfac tion; des Belges, bien paisibles en temps ordinaire, me disent : « Il faut que j'aille manifester, il faut que je crie : Vive la France! » Ces paroles, ces acclamations font du bien et l'on est heureux d'en consta ter l'unanimité. Par conire, l'animosité contre les Alle mands, la haine, pourrait-on dire, est aussi unanime. C'est, une explosion de colère conire l'arrogance de ces envahisseurs qui se croyaient déjà maîtres d'un pays où ils avaient été si généreusement accueillis. Ce qui à chaque instant augmente la colère du peuple, c'est le nombre d'espions que l'on découvre sans cesse; l'invasion pacifique s'était l'aile ici, non seulement dans des proportions énormes, mais surtout dans des conditions de ruse et de perfidie inimagi nables. Ce qu'est la valeur guerrière du peuple belge, on le sait aujourd'hui, l'armée belge a fait ses preuves ; mais ce qu'on connaît moins, c'est l'esprit patriotique des femmes belges. Elles n'avaient pas jusqu'ici envi sagé la possibilité de la guerre, et tout à coup elles se révèlent pleines de courage,...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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