Extrait du journal

tions moins conciliantes dans leurs pro jets de réformes intérieures-. On sait que la Gauche dynastique avait inscrit en tête de son programme deux grandes revendications : le suffrage universel et le rétablissement de la Constitution de 1869. Nous ne connaissons pas encore d'une façon assez précise le texte du dis cours du Trône pour savoir si le ministère se propose de rétablir le suffrage univer sel dans son intégrité sans entourer cette institution d'aucune garantie, mais au fond cette question a peu d'importance. Eu Espagne, quel que soit le mode de scrutin, les élections tournent toujours au profit du gouvernement. Le parti qui tient les urnes est sûrd'avoir la majorité. Une revision de la Constitution peut, au contraire, exercer une influence décisive sur l'avenir de la Péninsule, et, pour faire accepter cette partie de leur programme, M. Posada Herrera et ses collègues ont été obligés de faire de très larges conces sions aux principes de leurs adversaires. Peut-être aussi ont-ils été forcés de tenir compte des répugnances person nelles du souverain pour une réforme fondamentale qui remettrait en questioii ses droits héréditaires. Le discours du Trône présente le projet de revision sous la forme la plus atténuée. Non seule ment des Cortès constituantes ne seront pas convoquées, mais les titres sur les quels repose l'autorité royale ne seront pas mis en discussion ; les institutions rétablies en 1876 resteront intactes, et l'œuvre de revision qui sera soumise à la prochaine Chambre issue du. suffrage universel se réduira à introduire dans la loi fondamentale du royaume un certain nombre de principes de liberté, admis par la plupart des peuples de l'Europe. En réduisant ses revendications pri mitives à des proportions aussi modes tes, la Gauche dynastique sera-t-elle sûre d'obtenir l'appui des autres fractions du parti libéral? Sur ce point, les renseigne mens précis font défaut, mais le 3 dis positions de M: Sagasta paraissent assez douteuses, et il ne serait pas impossi ble que l'ancien président du Conseil usât de son influence sur la majorité parle mentaire pour faire rejeter le suffrage universel. Il est de toute évidence qu'en pareil cas il ne resterait plus au roi qu'à choisir de nouveaux ministres ou à per mettre àM. Posada Herrora de dissoudre les Cortès et de faire appel au pays....