Extrait du journal
ÉTRENNES D'uN'E PESSIMISTE Pour nos étrennes, une revenante nous offre le recueil de ses pensées, non tout à fait neuf, mais accru de quelques fragments inédits. Ce n'est pas à lire tout haut, sous la lampe, en fa mille. Ce petit livre contient de quoi troubler et contrister des âmes. Beaucoup, après l'avoir lu, ne sauraient aborder le nouvel An avec séré nité. Car u-ne essence d'impiété philosophique, additionnée de pessimisme, se condense en cette plaquette, comme en un étroit flacon : mépris de tous les cultes, négation de tous les dieux, anathème à la vie... De l'auteur, cependant, nous savons par ceux qui l'approchèrent que ce n'é tait pas un monstre, bien qu'on lui ait donné ce nom. C'était une femme de cordialité simple, hospitalière, apprêtant de ses mains, pour ses amis, des pâtés excellents, dont elle donnait la recette, ' Il y a quelque dix ans, à une exposition de portraits, nous vîmes le sien. Qui eût deviné en cette vieille dame, coiffée d'une capeline, l'air d'une aïeule pensive et douce, Mme Ackermann, apologiste du suicide, blasphématrice en prose et en vers? Cette femme à visage de bonne femme défia la divinité, adjura la nature de « briser à jamais le moule humain. » Personne, depuis Lucrèce, n'osa contre le Créateur un acte d'accusation aussi véhément. Nul ne dénonça d'un tel accent la « volonté méchante » qui pré side à tout. Ce n'est pas à la porte de l'enfer, « mais à celle de la vie, » que cette « solitaire » veut écrire : Lasciate ogni speranza. Faillite de l'amour, faillite du bonheur.... elle en adressé, avec une âpre joie, le bilan : « Tout se liquide en perte dans la vie. » Tandis qu'en des veilles d'ardente médita tion, elle cherchait à son désespoir la forme d'une poésie hautaine, elle s'interrompait par fois pour regarder une certaine étoile, œil ou vert sur elle, qui semblait lui signifier : « A quoi bon? » Ainsi le sentiment de la vanité de tout effort .venait décourager son labeur de pensée et d'art....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - combes
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