Extrait du journal

Nous avons passé les postes qui défen dent l'entrée et la sortie de Belfort, nous avons franchi les murailles formidables, les fossés, les ponts, et nous roulons sur une belle route bordée d'arbres. Déjà les crêtes des Vosges ont leur parure de neige dont les teintes bleuâtres s'illuminent de blan cheurs dorées sous le pâle soleil perçant soudain les nuages ; les forêts dépouillées font "aux flancs des montagnes de gràndesj taches noires ou jaunes avivées çà et là par les bouquets verts demeurés au faite-des, peupliers. Les maisons des petits villages sont étendues dans les vallées ; le clocher pointu d'un église miroite ; les prés et les cultures se succèdent semblables, et par tout poussent comme une étrange végéta tions d'immenses toiles d'araignée de fil de fer ou les bizarres constructions des tran chées. La terre par ici est mise en guerre. Voici un bourg où est installé un état major. Le fanion blanc et rouge flotte à la porte d'une brasserie; des hussards vont et viennent à bicyclette et aussi des artilleurs .menant lentement leurs attelages et les gros canons noirs des batteries lourdes. « D'ici deux kilomètres, nous dit l'aimable lieutenant qui nous accompagne, nous se rons à la frontière, à l'ancienne frontière. » Rectification qui émeut....