Extrait du journal

qu'on doit mettre dans la Ligue pour inter venir courageusement et efficacement dans une grande crise européenne. Elle n'est en somme capable dé jouer un rôle utile que dans les conflits de second ordre. Dès qu'une puissance redoutable est en cause, la plupart de ses membres cherchent à s'esquiver, et l'organisation internationale leur paraît uniquement destinée à leur per mettre de garder une prudente neutralité. Ils sont toujours enclins à croire que le meilleur moyen d'avoir la paix est de céder aux plus violents. On aurait pu prévoir qu'il en serait ainsi. Dans tous les cas, il convient qu'aujourd'hui on agisse en con séquence. La paix ne sera pas maintenue par la S. D. N., mais par le groupement des pays décidés à résister au monstre et à lui opposer une .force supérieure. Du reste, si leur force est suffisante et si leur volonté est incontestable, la Ligue les soutiendra. C'est donc à la création ou, si l'on veut, à la consolidation de cette alliance de la paix qu'il faut se consacrer, sans perdre un temps précieux à poursuivre des chi mères.- Cette œuvre exige une résolution sans défaillance, car toutes sortes d'intri gués chercheront à là faire échouer. 0n prétextera, par exemple, qu'il faut ména ger l'Allemagne pour l'amener à reprendre sa place à Genève. Or, c'est par l'isole ment seulement qu'aujourd'hui on fera tenir l'Allemagne tranquille. Voilà ce que nos ministres doivent se dire. Que M. Laval n'écoute pas les mauvais conseillers qui le poussent à se rendre à Berlin ! PIERRE BERNES....