Extrait du journal

La Chambre, qui vient de consacrer plusieurs iè ses séances du matin a démolir les budgets le 1907 et des années suivantes en grossissant leurs dépenses de quelques centaines de mil lions, s'est livrée, dans l'après-midi d'hier, à un autre genre d'exercice, On l'a invitée à boule verser aussi, tout de suite, le régime des re cettes de 1906. Ce sont les représentants des bouilleurs de cru qui lui ont assigné cette tâche intéressante. Brusquement, sans aucun avis préalable, ils ont déposé au début de" lasôai.ce, avec demande d'urgence et de discussion im médiate, un projet de résolution qui n'avait pas le moindre rapport avec le sujet à l'ordre du jour. On avait, à examiner les crédits des beaux-arts. Ils ont exigé qu'on interrompît ce débat pour adopter un texte destiné à modifier de fond en comble la législation des boissons en supprimant toutes les précautions prises il y a deux ans contre les fraudes. Il n'a pas fallu moins de deux heures de discussion, violente et passionnée, pour repousser cet assaut, inattendu. Il aurait môme réussi, pro bablement, sans la très énergique inter vention de M. le président du Conseil qui a conjuré la Chambre de ne pas voter la réso lution proposée par M. Castillard et ses amiî. M. Bouvier a signalé avec indignation « ce qu'il y a de scandaleux à voirie cours normal des délibérations troublé »à chaque instant par des résolutions improvisées. Il a déclaré qu'il serait « indigne d'une Assemblée consciente de ses devoirs» de mettre en péril les recettes du Trésor, surtout au moment où on vote des lois qui lui imposent, pour l'avenir, de nouveaux et d'énormes sacrifices. Ces paroles vigoureuses ont été si mal accueillies par les défenseurs du privilège des bouilleurs de cru que M. le prési dent du Conseil,désespérant de se faire entendre, a dû descendre delà tribune. Le tumulte a finipar s'apaiser, et la Chambre a décidé, sans scrutin, qu'elle suspendrait la discussion de la résolution dont elle était saisie pour la reprendre au mo ment où elle examinerait la loi de finances. Là dessus, l'incident a été clos, et on a recommencé à s'occuper paisiblement du Conservatoire de musique....