Extrait du journal

doute un jour pour fracturer l'armoire où est enfermée la statuette.... Aujourd'hui, si la justice pousse son enquête jusqu'au bout, le public saura par qui est con iduite cette bande de voleurs et grâce à quelles complicités elle a pu dépouiller tant d'églises de leurs ornements, de leurs statues et do leurs orfèvreries. L'histoire de ce grand pillage se divise en deux périodes : avant et après le vote de la loi sur la séparation. Avant le vote de la loi, les brocanteurs ont opéré de deux manières. Pour les objets classés, ils proposaient aux curés de substituer des copies aux originaux. Dans quels cas ce stratagème a-t-il réussi ? Il est aujourd'hui difficile de le savoir. Les copies ont été très adroitement exécutées. Les substi tutions apparaîtront plus tard, à mesure que les collectionneurs se risqueront à produire dans leurs vitrines les originaux... ou les prétendus originaux, car ies brocanteurs, n'en doutez pas, ont vendu plus d'une fois la même pièce comme authentique, ayant eu soin de faire fabriquer plusieurs fac-similé. Pour lès1 ôbjé'ts non classés, c'est-à-dire les plus nombreux, les marchands se dispensaient de Cette machination ; ils se présentaient ou vertement chez les curés,1 déploraient le mal heur des temps et enlevaient pour quelques billets de cent francs d'inestimables chefs-d'œu vre. C'est ainsi quo l'un d'eux s'est constitué une merveilleuse « collection » de sculptures gothiques, laquelle vaut plusieurs millions. Une fois la loi votée il a fallu changer de pro cédé. Cette loi classait d'Office, pour trois an nées, tous les objets renfermés dans les églises et elle prononçait des peines très sévères contre les vendeurs, les acheteurs et les exportateurs. Les brocanteurs n'avaient donc plus qu'une...