Extrait du journal

termes, le gouvernement dit qu'il entrera en pourparlers dès que la grève, virtuellement terminée, le sera .complètement, lorsque les dé légués des Associations ne risqueront d'être ni des révoqués, ni des condamnés, ni des insou mis. On peut se demander si ce rôle d'intermé diaire entre le Syndicat et les Compagnies ren tre bien dans les attributions du gouverne ment; onpeut même juger qu'il n'est nullement indispensable. Mais enfin, du moment que le gouvernement avait pris cette attitude avant la grève, on s'explique qu'il tienne à la conserver après. Il ne veut pas faire supporter à la grande masse des employés qui est restée fidèle au tra vail la faute d'une minorité révolutionnaire. C'est cette raison sans doute qui dès mainte nant le pousse à annoncer au grand nombre des cheminots qui ont continué ou recommencé de travailler l'état des négociations. Mais cette hâte ne va pas sans de réels inconvénients. L'opinion publique, si elle n'est pas très au courant de la question, et dans son ensemble elle ne l'est pas, risque fort de s'y tromper. Com ment peut-elle distinguer que telle amélioration, comme là promesse de la pièce de cinq francs, était accordée par .les Compagnies antérieure mentàla grève, quand des notes d'apparence of ficielle en parlent pendant la grève ? Comment peut-elle comprendre qu'un certain nombre d'a vantages viennent de s'accroître « même depuis la grève» ? On demande au public une attention, une mémoire,un art des distinctions qu'il ne peut avoir pour des questions spéciales. Les gré vistes sopt prompts à profiter de cette confusion pour faire croire que telle amélioration déjà' consentie est due à leur aetion. L'occasion est tentante : mais il ne fallait pas là leur donner. En ce moment, il n'y a pas lieu de parler des et des projets à l'étude. Les préoccupations les plus pressantes sont ailleurs. Le gouvernement a précisé avec raison quand et comment il entendait entrer en pour parlers : c'est aux cheminots à rendre cette conversation possible. On se rend très bien compte que les jours qui viennent sont ceux où le gouvernement a peut être le plus besoin de suite dans les idées, et de résolution. A la première heure, il a agi, il a pris les mesures nécessaires, et au moment le plus critique, rien n'a entravé son action. Mais I aujourd'hui,"après l'accomplissement des faits, et quand déjà la situation sur certains points s'est améliorée, on peut deviner, on peut déjà percevoir des voix qui s'élèvent et qui font en tendre des mots de faiblesse, des paroles de fausse indulgence, pour tout dire, des conseils de la plus funeste abdication. Quelques-unes de ces voix sont loin de M. le président du Conseil, mais qufelques-unes sont plus proches de lui. Il est à souhaiter que M. le président du Conseil juge les unes et les autres comme elles le méritent. Il sait sans doute mieux que personne à quel point l'action gouver nementale stupéfie ces politiciens pour qui la nation commence à leur arrondissement et finit aux couloirs de la Chambre, et dans quelle mesure elle gêne les ambitions qui n'aiment pas voir se faire quelque chose d'utile en dehors d'elles. Le public a son opinion faite aujourd'hui sur ces sentiments secrets, sur ces misérables querelles des partis : elle est impi toyable. C'est que le public voit plus loin ; il voit une entreprise qui atteint la sécurité nationale et qui risque de préparer aux yeux de l'Europe la désagrégation sociale de la nation. Pour l'hon neur de noire pays, il affirme qu'il la veut étouf fer, qu'il veut vivre, et il sera tout entier avec le gouvernement qui le comprendra....