Extrait du journal

( Un service, le service des sépultures, fonc tionne au ministère des pensions. Il a pour mission d'assurer le transfert des corps, soit quand deux ou plusieurs cimetières viennent à être réunis, soit lorsqu'il s'agit d'exhumer les corps de nos soldats qui, enterrés en Alle magne, sont ramenés en terre française. Ré : gulièrement, les familles intéressées doivent être averties dans le plus bref délai possible mais c'est compter sans les rouages, les re doutables rouages administratifs. Quelle est, en effet, la procédure adoptée? Le service des sépultures du ministère avise le dépôt ; le dépôt avise la mairie; la mairie" avise la famille...; parfois des mois se passent avant que l'avis ne touche cette dernière. Citerons nous des exemples, de pénibles exemples ? Le corps d'un sous-officier du 72e régiment d'in fanterie est exhumé, le 27 mars 1924, du cimetière de Mezeray, pour être transporté au cimetière national de Buzy, dans l'arron dissement de Verdun, Le dépôt, avisé par le service des sépultures le 24 novembre 1924, accuse réception de cet avis le 3 décembre 1924; entre temps, il a du prévenir la mairie. Ainsi, la famille aura été avisée huit mois après l'exhumation. L'on nous répondra qu'une telle lenteur, infiniment regrettable ■certes, ne constitue, qu'un cas particulier. Cas particulier également, cette navrante odyssée ■ de deux parents bretons qui nous a été rap portée... le père abandonnant ses filets, la mère sa quenouille, pour s'en aller, jusqu'à la frontière, porter des fleurs sur la tombe de leur, enfant. Le .long, l'onéreux, le cruel voyage, quand, en arrivant, c'est vainement, comme eux, qué l'on cherche parmi les croix, et qu'il faut repartir sans pouvoir rap porter le souvenir du coin de terre où repose le petit... Là encore, l'administration avait omis de prévenir quand il y avait eu transfert du corps. Car particulier également que celui de ces familles qui, écrivant à l'administra tion responsable pour demander des éclair cissements, des précisions, ne reçoivent pas | la réponse immédiate à laquelle elles ont ce pendant droit. Certes, nous n'ignorons pas -la tâche écra sante qui incombe, hélas! au service des sé pultures. Il n'empêche. Des faits comme ceux que nous venons de rapporter ne sauraient se reproduire. M. le ministre des pensions aura à cœur de donner à ses services les dirççtives„,nécessaires. Voici venir,;;-,en effet, la Toussaint. Dans quelques jours, le pays célébrera avec dignité l'anniversaire de l'ar mistice. Le début de novembre est, pour les familles en deuil, une . période de recueilleet de voyages pieux. Ceux qui sont tombés ne doivent pas demeurer seuls......