Extrait du journal

. Piétri prend au sérieux ses devoirs «e -ministre du budget. Il a le courage de défendre les finances publiques contre le flot- montant des dépenses. Il n'ignore pas à quel point son rôle est ingrat, surtout •quand il s'agit de dépenses d'un caractère généreux, où le sentiment ne permet guère à la froide raison de se faire entendre. 'Son courage n'est pas « celui d'un soldat qui. ne connaît pas le danger », suivant le mot fameux du cardinal de Retz, c'est le courage civique d'un homme politique qui estime que la vérité est bonne à dire même jqnand elle est impopulaire, ce qui est du reste pour elle le sort le plus habituel. Parlant devant un monument aux morts, à une foule où les anciens combat tants étaient naturellement chez eux, il a plaidé la cause du contribuable contre les surenchères dont la pension du combat tant est la facile occasion. Ce n'est pas le banal d'un politicien vulgaire. 3-e pays n'ignore ni ne répudie la dette «sacrée qu'il a contractée à l'égard de ceux qui lui ont fait de leurs poitrines un rem part infranchissable. Les pensions aux mrutiles, aux parents ou aux enfants de teeux dont'les noms sont gravés sur. toutes flos places publiques devaient passer avant itout. II en a été ainsi. Trois milliards, ré partis entre un million et demi d'inscrits au Grand Livre, figurent actuellement au budget à cet effet. Ce n'est pas trop, ce tne serait même pas assez si nous étions libres de mesurer notre libéralité à notre reconnaissance. Mais qui oserait affirmer jque toutes ces allocations sont également justifiées? La tendance à accroître auto matiquement le nombre des victimes indi rectes ou lointaines de la guerre s'est im posée au Parlement. Comment résister à ides demandes appuyées par les associa tions d'anciens combattants, formées au début pour grouper ceux qui avaient réel lement payé de leur personne, et ouvertes peu à peu à des catégories de plus en plus larges de mobilisés, où dominent parfois Ces « passants de la guerre », comme les appelle le ministre, si bien qu'il deviendra bientôt impossible de « distinguer ceux qui l'ont vraiment faite de ceux qui l'ont feulement côtoyée »?...