Extrait du journal
Les nouvelles de Barcelonne, reproduites depuis quelques jours par presque tous lés journaux, ont évidemment un caractère d'exa gération qui leur ôte jusqu'à leur physionomie espagnole. Nous ne croyons pas à la subite unanimité de tous ces capitaines-généraux que divisent encore plus leurs antécédens que leurs principes. Nous pensons, que des chefs, le mouvement n'a point encore passé dans les masses, et que Barcelonne n'est pas devenue tout d'un coup l'lle de Léon. Mais nous nous reprocherions en même temps de ne pas recon-, naître que de vives répugnances contre le ministère espagnol et contre son système politique se sont manifestées dans les corps de l'Etat placés, le plus près du trône pour la surveillance des grands intérêts du royaume, et que quelques uns des principaux chefs de l'armée commencent à réclamer dans les hommes et dans les choses une sérieuse modification. . Nous sommes trop loin du théâtre des événemens pour mesurer la force de résistance que le gouvernement espagnol peut opposer À ces nouveaux obstacles, Nous déplorons toute concession arrachée par la force ou même par la menace; mais parce que l'avènement de la jeune reine n'a pas dû être selon nous le signal d'une brusque et violente réforme de toutes les institutions du royaume, parce qu'un progrès lent et mesuré dans la voie des améliorations, nous a semblé d'abord un symbole heureux du système annoncé par le j nouveau gouvernement , nous ne nous sommes jamais figuré qu'il ' lui çût été départi ce privilège merveilleux dans la carrière où il s'engageait, 4e rencontrer tout d'abord et les hommes de la si tua tiofi ét la mesure exacte de réforme que comportaient les mœurs et les lumières du pays. C'eût été deux fois découvrir le NouveauMonde. " ' Quoi qu'il en soit et sans décider encore au milieu de toutes les passions que soulève l'examen d'une pareille question, si les hommes ont .été tout ce qu'ils devaient être, si les choses ont été tout a* qu'elles pouvaient être, nous soutiendrons toujours que l'énergie de M. Zéa contre les partis qui ont assailli le début de son ministère, a donné au trône le temps de naître et d'emprunteê, même au Roi mort, une certaine force qui se fût inévitablement perdue au milieu du choc et du tumulte d'une révolution. C'est beaucoup d'avoir été pour continuer à être, surtout en Espagne. Et si les vieilles institutions eussent toutes péri du même coup que la loi de succession ; il ne nous est nullement prouvé que l'Espagne, ayecD. Carlos, ne fut déjà retombée plus profondément que jamais sous la double oppressio n du fanatisme politique et religieux. La guerre, (car c'est la guerre) contre les partisans de D. Carlos, d'abord lente et molle comme cela devait être sous un gouverner ment qui passe du sommeil d'un despotisme incontesté, à la vie active des champs de bataille, la guerre a bientôt repris une viva cité et un ensemble qui révèlent une organisation meilleure et un concours de volontés plus fermes. L'armée s'est partout admirable ment. prêtée à Cette impulsion. Elle a été victorieuse dans toutes les rencontres; mais faible de nombre, elle n'a pu encore pacifier les provinces où elle a vaincu. Les bandes insurgées se reforment derrière ses bataillons; et le Nord de l'Espagne, à l'exception des •villes, est livré en grande partie aux horreurs de l'anarchie et de la guerre civile. De là, des mécontentemens toujours faciles .contre le pbuvoir qui n'a pas fait en un jour la tâche d'une an née! On accuse les hommes, on accuse le système : vous auriez fait fusiller les moines pris les armes à la main, que vous n'évi teriez pas le reproche de connivence avec le clergé ; on est encore carliste après la confiscation des biens de D. Carlos ! D'un autre côté, le parti constitutionnel qui, à l'exception de quelques hommes qu'honore à nos yeux le sacrifice de leurs doc trines au mouvement irrésistible de leur patriotisme, le parti cons titutionnel s'est tenu sur beaucoup de points à l'écart; il semble qu'il n'ait pas encore trouvé la patrie assez malheureuse pour se jeter tout entier dans la lutte! Peut-être, dans le principe, y eût-il faute et faute grave à lui fermer, par une déclaration trop'absolue toutes les chances de l'avenir. Ce lut notre première pensée en li sant le manifeste de la Reine, et nous ne craignîmes pas de l'ex fprimer. , Mais les choses ont marché depuis cette époque! Le système s'est -développé; la rupture est-elle assez complète avec tous les prin cipes personnifiés dans D. Carlos ? Est-ce bien aujourd'hui qu'on , «serait appeler une simple substitution de noms propres l'événe - ment qui a placé Isabelle sur le trône d'Espagne? S'il était possible qu'éclairé par de pareils faits, le parti constitutionnel se proclamât étranger à une cause qui a toujours été, et qui est plus que ja mais la sienne, il mériterait que le gouvernement de la Reine fût . assez fort pour se passer de lui?, et accomplît seul la mission im périeuse qu'il a reçue, celle sans" laquelle il ne serait pas c'est-à -dire la destruction des abus qui ont précipité l'Espagne du faîte de , Ses grandeurs politiques, au degré de faiblesse et d'atonie où sa puissance est tombée au dedans comme au dehors. Cependant, comme il ne s'agit pas de juger, dans un mouve ment d humeur, une situation; aussi grave, nous sentons nous -mêmes, pour le gouvernement à la consolidation duquel nous avonS s donné tous nos vœux, le besoimplus-impérieux que jamais de fal ; lier autour de lui tous les ennemis dé ses ennemis. Ce n'est pas trop pour faire facè à des dangers qui menacent de se régulariser, et qui ne se prolongeraient pas sans miner sourdement le système...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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