Extrait du journal

avons combattu avec énergie un système d'enseignement classique que nous jugions faux et corrompu. La réforme de M. Jules Simon est venue nous donner gain de cause, mais il im porte que cette réforme soit sérieusement appliquée. Le ministre y fait tous ses ef forts. Il rencontre, paraît-il, des difficultés nombreuses et des résistances plus ou moins occultes. Nous ne nous étonnons ni de ces résistances ni de ces difficultés. Il est assez naturel qu'un grand et respec table corps tel que l'Université, qui a vécu trop longtemps replié sur lui-même et en admiration devant sa propre image, éprouve quelque répugnance à changer subitement ses méthodes. On doit respecter les regrets et même les scrupules de professeurs qui ont vécu dans l'illusion qu'ils étaient les seuls dépositaires de la doctrine. Il convient toutefois d'éclairer ces adorateurs sincères du passé ; il faut qu'ils se pénè trent bien de cette idée, que la dernière ré forme n'est pas une oeuvre personnelle, oc casionnelle, qui soit attachée au maintien de tel ou tel ministre; que c'est, au con traire, un fait nécessaire et inéluctable. Cette réforme, disons-nous, n'est pas for tuite; elle n'est pas sortie tout à coup comme un champignon après l'orage, elle était. depuis de longues années instam ment réclamée par des esprits perspica ces et éclairés ; il s'est fait un travail lent, mais continu, pour en préparer la venue, et si nos derniers malheurs en ont hâté l'éclosion, il n'en est pas moins vrai qu'elle se produit sur un sol qui était prêt à la recevoir. Depuis dix ans déjà des in specteurs ou des professeurs éminens de l'Université avaient signalé les défauts de nos études classiques. En 1864, M. Cournot, en 1869, M. Gaston Boissier, firent une criti que à fond de notre instruction secondaire. Aujourd'hui M. Bréal, professeur au Collège de France, M. Janet, professeur à la Sor bonne, M. Benoist, professeur à la Faculté...