Extrait du journal

- - Il "uynu-UQO U.C iuuyucui OUI OO Ut; îai^tiUl dans sa partie la plus étalée ; par son commerce actif, par sa situa tion géographique privilégiée au carrefour des grandes voies mari times qui mènent d'une part en Egypte, en Syrie et en Palestine, d'autre part en Grèce et vers .les détroits de la Turquie, situation qui fut la cause de son antique et durable prospérité. Rhodes est la plus importante des Sporades. Elle est la plus fertile. Elle est la plus tempérée. Elle est la plus pittoresque et la plus riche en souvenirs du passé. Rliodos, fils du Soleil; en avait fait son île et l'avait couverte de roses. Elle est toujours « l'île des Roses ». Le palais du gouvernement général est, dans un mélange heureux de motifs vénitiens, mauresques, niédiévaux, un étonnant témoignage de l'intelligence des architectes modernes. C'est, dans chacun de ses détails, une évocation des dominations successives qui se sont exer cées sur Rhodes et, dans l'ensemble, une synthèse du génie romain. Mais ce n'est nullement une mosaïque de styles. C'est une très habile et savante composition. Ma première visite fut pour le musée, installé ici dans l'ancien Grand Hôpital des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, d'une majesté fa-rouche. C'est l'édifice le plus important que le moyen âge ait laissé à Rhodes. Tandis que les plus jeunes combattaient pour la foi chrétienne sur toutes les mers et sur toutes ies terres- de . l'Orient, les plus âgés des membres de l'ordre déployaient, au chevet des malades et aes blessés, leur pieuse activité. Aucune frivolité décorative. Mais un relief extraordinaire de clair-obscur. Les arcades croisées du rez.-de-chaussée et la galerie ouverte de l'étage supérieur enveloppent d'ombre la clarté de la cour dont les lignes apparaissent aussi fermes dans leur harmonie que celles des plus célébrés cours de châteaux, de couvents et de paiais'du moyen âge occidental. Dans ce monument, comme dans tous ceux qu'édifièrent les chevaliers, les auberges, en particulier, la pierre monochrome est ranimée par la variété du travail au ciseau, qui lui donne ces tons chauds auxquels le temps prête une couleur intime de rose et d'or. Et de cette couleur, La Cilla Alurala, l'ancienne cité ceinte de murailles, est' comme imprégnée dans s,on atmosphère. Les cellules et les salies sont aussi d'une imposante nudité. L'infirmerie surtout, vaste comme une cathédrale, surprend, avec son plafond aux poutres anciennes que soutiennent des arcs à colonnes. Elle est. faiblement éclairée par le haut. One petite cha pelle gothique contenait autrefois l'autel sur lequel on disait la messe pour les malades. Et, tout autour, creusées régulièrement dans l'épaisseur rafraîchissante des murailles", de minuscules cellules, sans air ni lumière, et qui servaient vraisemblablement à placer des bardes des pauvres pèlerins, épuisés par la fatigue et par; , les dangers courus en Terre-Sainte, lorsque, sur la voie du retour, ils demandaient asile aux moines-chevaliers, hospitaliers de Saint-Jean. Dans l'ombre et dâns l'immensité de cette salle, où les errants de la chrétienté trouvaient, auprès des fils spirituels de Gérard de Martigues, un accueil fraternel, les fiers chevaliers aux grands noms féodaux, spiendides dans leurs cuirasses et "humbles dans leurs frocs, servaient leurs hôtes d'un jour dans .leur vaisselle d'or et d'argent. C'est en évoquant ce tableau fantastique, où la misère et la gloire se dressent au premier plan, que l'on pénètre, mieux que par ies lectures de poussifs in-folio, l'esprit' de ces temps héroïques. - • . Partout, dans les cours, sous les galeries, dans les salles et dans les cellules, sont exposés des objets trouvés au cours des fouilles effectuées dans le sous-sol de Rhodes. Le musée compte, aujourd'hui, parmi les plus intéressants et les plus complets du Levant. Toutes les époques de l'histoire de Rhodes y revivent : la mycénienne, dans une inestimable collection de céramiques ; la grecque, dans ses amphores qui portent gravée la marque de leur fabricant et le nom du magistrat éponyme de l'année ; l'hellénistique, dans des morceaux rapportés de l'Acropole de Lindos ; la byzantine, dans des mosaïques et des sarcophages. Mais la perle de ces galeries, c'est l'Aphrodite accroupie. Cette petite statue de marbre, original grec vraisemblablement du deuxième ou du premier siècle, n'a qu'une rivale pour la finesse et pour l'expression, et encore dans une autre attitude: c'est la Vénus de Milo. Parfaite dans toutes les parties de son corps, cette Aphrodite, qui féconda le monde en tordant ses cheveux, est pure-" ment adorable. Et ce musée conserve ses trésors dans un parfum perpétuel de ses jardins. Je n'ai vu qu'à Rhodes et en Hollande d'ainsi délicieux parcs de fleurs, cultivés avec tant' d'amour, avec tant de goût. Mais ne sommes-nous pas chez Rliodos, fils du Soleil, dans l'île même des roses? / Quant à l'œuvre de Charès de Lindos, à ce Colosse, dont la nom seul est parvenu jusqu'à nous, et que les Romains, qui n'avaient guère, comme sens esthétique, que celui des dimensions, rangeaient parmi les sept merveilles du monde, on ne le peut plus qu'imaginer Awssant sa haute et disgracieuse stature à l'entrée du joli petit port du Mandracchio, réservé aujourd'hui aux navires de plaisance, et où notre vedette, venant du large, nous a débarqués, ce matin, mais où l'on revoit, ombres ardentes sous la clarté du jour, les galères des Chevaliers, impatientes de reprendre, au service de la Croix, la mer que le Croissant voulait assujettir....