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Journal des débats politiques et littéraires, 20 mars 1877

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Journal des débats politiques et littéraires
20 mars 1877


Extrait du journal

Nous trouvons dans les journaux de la Manche le texte d'un discours que le pré fet du département, M. Emile Laurent, vient de prononcer à Cherbourg; on lira plus loin cette allocution, adressée au maire et au conseil municipal ; nous ne saurions l'approuver trop hautement. C'est ainsi que doivent parler les représentans du pouvoir exécutif en province, et nous serions heureux que de semblables conseils fussent suivis partout, même à Paris et à Versailles. M. le préfet de la Manche parle en termes fort justes de l'état du pays : le désir ardent du repos nécessaire au travail utile et fécond-domine dans d'immense majorité des esprits, mais on ' ne saurait nier que quelques uns conser vent une sorte d'inquiétude, et que les partis s'efforcent d'augmenter ces dispo sitions eh rendant l'avenir plus incertain et le - présent moins calme et moins tranquille. C'est un mal dont il faut gémir , dont on a droit de se plain dre , mais dont il serait puéril de s'étonner ; après toutes les révolutions que nous avons traversées, n'est-il pas naturel que les partis successive ment évincés du pouvoir aient laissé derrière eux des « sympathies et des regrets » souvent respectables , quel quefois dangereux ? L'effort de ces partis doit être aujourd'hui d'autant plus yif, que la république semble prendre plus de force et jeter enfin des racines solides dans un sol qui lui avait été jusqu'à ce jour fort ingrat. Si la république vit encore quelques années, si elle continue à don ner à la France les garanties d'ordre et de liberté dont elle a besoin, il est facile de prévoir que les partis ne prévaudront plus contre elle ; ils le savent, ils le sentent, et voilà pourquoi ils s'agitent avec une énergie qui redouble d'audace ou de véhémence. Ils sont à la veille d'é puiser leurs dernières ressources. Que doit faire le gouvernement pour main tenir contre eux la république ? Doit-il la défendre avec les armes de la colère et de la violence? Non, certes! Il y a sans doute dans les partis des hommes qu'on ne désarmera pas, et ceux-là il faut leur opposer une ferme défense, il faut les rendre impuissans ; mais les autres, —et ils composent la majorité, même dans les partis, gardons-nous bien de leur décla rer une guerre qui les réduirait au déses poir. Si l'on s'yprend habilement avec eux, si, au lieu de les repousser on les invite et les attire, ils seront nos alliés de demain. Nous savons bien qu'on traitera cette es pérance de naïve ; on nous opposera la conduite que tiennent dans les Assem blées les chefs de file qui se flattent d'être les plus modérés. Aussi n'est-ce pas pré cisément sur eux que nous comptons : leur siège est fait, leurs habitudes prises, leurs alliances conclues. Mais croyez-vous queles prétendues habiletés de leur conduite soient approuvées par tous leurs amis? Nous pourrions eiter des preuves du contraire : les coalitions quelconques ne plaisent pas à tout le monde, bien des gens y répu gnent, et plutôt que de marcher sans cesse côte k côte avec leurs pires ennemis, ils regarderont autour d'eux s'il n'existe au cun refuge. C'est alors que la république doit être plus que jamais grande ouverte, mais aussi que les républicains doivent être « aimables », comme on l'a dit. La composition actuelle des Chambres ne changera pas beaucoup par les élections faites une à une à mesure des extinctions ; résignons-nous à cela, mais regardons l'avenir et préparons les élections plus...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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