Extrait du journal

Les crédits américains destinés à faire face aux dépenses de guerre s'élèvent cette année à cent milliards de dollars. Convertie en francs, c'est une quantité "qui nous oblige à recourir» au vocable peu usuel de trillions. Etymologiquement le budget était un petit sac. Le temps, puis les guerres en ont fait un gouffre. 11 serait fort instructif de comparer les sommes englouties çn âge par les guerres. C'est malheureusement un calcul chimérique. Polir les périodes anciennes les documents nous manquent et nous manqueront sans doute toujours. En dépit des efforts des érudits, la comptabilité médiévale demeure obscure, parfois incompréhensible. Les temps modernes nous ont légué des textes plus explicites. Mais la guerre y revêt tant d'aspects qu'elle défie toute évaluation, même approximative. Se» ravages vont bien au delà des zones d'opérations, d'ailleurs singulièrement élargies par les attaques aériennes. Comment, par exemple, chiffrer, dans la conflagration actuelle, les effets de la sous-alimentation sur les générations qui montent ? Aurions-nous même des chiffres authentiques çur le coût des guerres dans le paksé que nous n'en saurions tirer parti. La variation du pouvoir d'achat et du mode d'emploi de la monnaie rend toute confrontation illusoire : rien n'est plus décevant que la recherche des équivalences monétaires, même à un siècle d'intervalle. Tout au plus disposons-pous d'intermittentes ' données sur les frais d'entretien des troupes au cours de certaines campa gnes. Nous savon.%. par exemple, qu'au début de la guerre de Cent ans, en 1:137, il fallut huit cent mille livrés tournois pour assurer pepdant cinq mois la solde dé "dix mille hommes, d'armes et de uuarante mille hommes de pied. On subvint à ce:s dépenses exceptionnelles par des impositions temporaires et par le.« ment » des monnaies. Dans les temps modernes, sous Louis XIV comme sous lé budget des opérations se .laisse difficilement isoler du budget général. Les historiens ne sont guère plus d'accord sur les dépenses de guerre que sur les pertes en hommes; on sait que les campagnes du premier Empire ont fait, selon les uns trois millions, selon les autres six millions de victimes. Après cela on peut renoncer à la statistique. Bornons-nous, ici encore, au détail : de 1808 à 1814 la guer.re d'Espagne a exigé 350 millions de francs pour les fournitures et subsistances, .vingt-quatre à trente millions pour l'a solde des troupes....