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Journal des débats politiques et littéraires, 21 juin 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
21 juin 1830


Extrait du journal

fort de cette dispute inégale dans laquelle des théories perdues sont opposées à des principes consacrés, nous attendions la Chambre qui devait venir. La Chambre vient. La France écoute avec respeclle discours de la Couronne et elle applaudit à l'Adresse. La Chambre est dissoute. La France reste calme et tranquille : elle savait que cette dissolution était un droit de la Couronne ; et tout en regrettant le temps que le ministère perdait à la combattre, elle était heureuse et hère de voir Roi vouloir la consulter deux fois. ' , Alors recommencent de plus belle les déclamations desécrivains ministériels ; la défense des écrivains constitutionnels recommence en même temps. Ici c'est toujours les derniers qui défendent le Roi contre les amis de M. de Polignac. Le ministère , en désespoir de cause, veut compromettre/la couronne dans les débats dont elle est spectatrice; la France ne veut,pas que le Roi soit compro mis. La faction veut que le Roi la venge des répugnances qu'elle éprouve; la France entoure la royauté de ses respects et de son amour, comme elle frappe la faction de «'es mépris et de sa haine. De sorte que, dans le peuple constitutionnel, le trône est au-ssi respecté, aussi défendu, qu'il.est exposé par la faction. C'est encore l'égoïsnie des courtisans mis en-Opposition avec la loyauté des pèuplês. Fiez-vous à la fidélité des peuples : ik ont de la cons cience , ils sont indépendans et libres d? toute ambition ; les peuples •sentent combien il est de leur intérêt l'avoir unfloi libre et'fert; 'les peuples seuls ne trompent pas. . >: Enfin il a fallu que le ministère parlât d'élections. C'est en vain qu'il avait attendu le.dernier moment pour en parler: au premier mot la. France -est prête. Elle était prête depuis la dissolution. Il n'est pas de ville en France où les électeurs 11e se soient réunis à l'avance pour s'interroger les uns les autres sur la valeur de leurs représentais , sur leur vie passée, sur leur conduite à la Chambre dissoute, et quelles garanties fis avaient données,' et quelles pro messes.ils avaient tenues? Ou a passé en revue les hommes anciens et les hommes nouveaux ; car déjà cette France se renouvelle; déjà les vieillards, qui avaient consenti, après avoir -support# les chaleurs de l'autre moiidè politique, àse charger des travaux, de la France nouvelle, peuvent céder le fardeau àde plus jeunes. Les forces de la France électorale se sont trouvées à peu près ' doublées ; si bien que le ministère a été tout surpris en voyant tous ses retards , toutes ses précautions inutiles, et qu'à force de' séductions, de promesses.et de menaces, il ne conservait même pas une espérance de majorité. C'est un beau spectacle que celui d'un grand peuple animé à la défense de la chose publique , et que rien ne peut distraire de ces graves intérêts du moment; car si.la France eût pu être dis traite quelque peu de ses élections, elle aurait été distraite par le ministère Polignac. D'abord la guerre d'Alger dont on avait parlé et qui se fait i l'improviste; toute l'armée est au port; tous nos vaisseaux sont sous voile ; toutes uos ressources sont en jeu ; on attend le vent ; que deviendra la.guerre? Et la flotte? Et l'armée? Alatfinle vent souffle, l'armée part. Nous faisons des vœux pour sa gloire et son retour. Bientôt après arrivent de nouvelles inquiétudes, de tristes récits , le rapport où l'on dit le malheur arrivé à nos deux frégates. Enfin, arrivent d'heureuses nouvelles. La flotte a touché la terre, l'inquiétude fuit loin de nous, et de ce côté là nous nous (reposons sur la bravoure de notre armée. Admirez la France : joie ou dou leur, elle est imperturbable , son regard se porte en même temps sur la rive africaine et sur les exigences de l'intérieur. Le danger des siens devant Alger, non plus que leurs succès, ne l'empêchent pas de s'occuper des électeurs. Les uns et les autres seront vain queurs! « JJn malin on menace la France de M. de Villèle, et on lui rend M. Peyronnet. M. Peyronnet revient, et avec lui, sans doute, tout le système tant combattu. Que va dire la France? A quelles plaintes se portera-t-elle ? A quel désespoir? La France se plaint, mais jamais elle ne désespère : après comme avant M. Peyronnet, elle s'occupe de ses élections. Arrive ce grand malheur des incendies. Inconcevable fléau qui éclaire de ses lugubres clartés d'iunocens villages éloignés du tumulte et des affaires. Il en est pour les incendies comme pour la guerre d'Alger : même inquiétude , mêmes douleurs ; mais aussi même accomplissement du même devoir. La France pleure sur ces crimes inouis, et elle s'occupe des élections. On lui avait parlé d'une proclamation royale ; la proclamation parait dans le Moniteur, heureusement elle est contresignée Poli gnac. La France lit le contreseing ~et elle s'occupe des élections. Au plus fort de ces grandsévénemens , se croisent d'autres évé nemens , plus ou moins intéressans, mais tous favorables au minis tère si l'attention publique eût consenti à se distraire quelque peu. Au dehors s'achève un des règnes les plus heureux de l'Angleterre; au dedans, n.ct.qs.,sommes visités par un Roi et sa famille ; Paris...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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