Extrait du journal

leur parler. Si vous saviez leur parler, elles refuseraient de vous entendre. Et remarquez que cet embarras même n'existé pas ; car du premier abord votre incapacité a paru égaler les défiances que votre présence réveillait dans les cœurs. Où en êtes vous donc aujourd'hui ? Précisément où vous en étiez le lendemain du 8 août, avec des illusions de moins, si des il lusions étaient possibles le lendemain du 8 août. En prorogeant les Chambres vous n'avez rien changé au fond des choses. Elles re viendront -, ou le pays vous renverra d'autres députés devant les quels votre éloquence aura le même succès. Ou fera une autre Adresse. Comment vous y prendrez-vous pour triompher une se conde fois d'une si profonde antipathie ? Vous pouvez dès aujour d'hui vous dire : Encore une victoire comme' celle-là , et BOUS sommes perdus. La prorogation de la Chambre ne change rien à votre situation, elle ne résout rien ni en droit, ni en fait; mais elle assure à ls> sagesse royale le temps nécessaire pour prononcer entre ceux qui ont calomnié le pays, et ceux qui ont apporté aux pieds du trône la noble et respectueuse confidence de la douleur de tout un peuple. Le monarque peut encore dissoudre le ministère, et ne pas dissoudre la Chambre. Ainsi, par la prorogation, la solution inévi table est seulement ajournée. Peut-être le Roi a-t-il voulu constater pour sa part un autre fait dont personne en France ne doute, mais dont vos injures envers un peuple fidèle et des Chambres loyales voudraient faire douter l'Europe : c'est qu'aucun désir, aucune pensée, aucun obstacle, de quelque nature qu'il puisse être, ne s'oppose parmi nous au libre exercice de cette prérogative royale, invoquée par ceux-là même que l'on accuse, avec tant de dérai son , de voulpir.l'anéantir. Et en cela , il n'y a rien encore que la manifestation d'une vérité tous les jours proclamée par nous, et un éclatant démenti donné à vos calomnies absurdes. Et pourtant vous triomphez et vous poussez des"cris de joie! Celte joie , ce n'est pas une victoire qui vous l'inspire, car jus qu'ici-vous n'avez vaincu personne, que nous sachions;.c'est donc tout au plus l'espérance d'une victoire. Mais sur qui comptez-vous la remporter? Sur la Chambre ? C'est la Chambre elle-même qui a provoqué la dissolution. Sur le pays? Le pays vous attend dans les collèges électoraux où s'est brisé un pouvoir bien autrement fort que le vôtre. C'est donc de la royauté seule que vous espérez triompher, c'est la prudence royale que vous comptez surprendre, c'est le Roi de la Charte cjue vous voulez vainere? Vous croyez aujourd'hui avoir rapproché la royauté constitutionnelle du gouffre où vous voulez la précipiter, pour essayer après d'en retirer la royauté absolue. Et voilà votre unique triomphe, ou, pour mieux dire, votre unique et fatal espoir. Voilà pourquoi tant de joies ministérielles et jésuitiques insultent depuis deux jours aux dou leurs royalistes....