Extrait du journal

On écrit de Madrid, le 15 novembre : « Le ministère vient do donner l'ordre que les juntes de représailles soient dissoutes ; on craint que cette mesure ne soit pas exécutée. Les nouvelles reçues de la province de Tolède, devenant inquiétantes par la réapparition de beau coup de factieux, le gouvernement vient d'envoyer l'ordre aux bataillons de l'armée de réserve qui sont aux environs de la capitale, de marcher immédiatement Shr cette pro vince. » On croit que l'état de siège sera levé ce soir ou demain. Par ces diverses dispositions, le ministère répond à l'avance aux interpellations faites ou annoncées dans la séance d'hier par les députés Las Navas, sur l'état de siège, et Martin, sur la situation de la province de Tolède. Néanmoins, au commencement de la séance de ce jour, le président du con seil a fait annoncer par un message que les ministres allaient se rendre près des Cortès pour répondre à ces deux inter pellations. Au moment du départ du courrier, ils n'avaient pas encore paru. Depuis le commencement de la séance, les députés n'ont été occupés que de la nomination d'une com mission , qui a fait élever un débat tout-à-fait personnel et sans intérêt. » Toutes les personnes arrêtées ces jours passés et en voyées à Carabanchel ont reçu l'ordre de rentrer chez elles après un court interrogatoire, et en donnant caution. Cette mesure, beaucoup trop tardive pour des malheureux qui n'étaient pas coupables, a produit une grande sensation. Narvaez reçoit partout à son passage les témoignages d'une vive sympathie. A Santa-Cruz de Mudela les gardes nationaux lui ont offert le commandement honorifique du bataillon qui porte le nom de la ville, et toutes les autorités ont été le visiter. Le Mémoire que le général Espartero a récemment adressé à la Reine vient d'être livré à l'impression et à la Îiublicité, mais sans le consentement du général, ainsi que e déclare le colonel de La Rocha, son aide-de-camp, dans une lettre insérée dans plusieurs journaux espagnols. Voici quelques nouveaux extraits de ce Mémoire sur le système qu'il conviendrait de suivre dans les circonstances actuelles : « Toutes les armées d'opération telles que "celles de Cata logne , du centre et du nord, auraient besoin de divisions de réserve établies dans les lieux que les généraux jugeraient les plus convenables, et sous le commandement d'un chef investi de leur confiance et qui en même temps qu'il prési derait à leur prompte organisation, ferait respecter les pro vinces voisines du théâtre de la guerre et les délivrerait des incursions de l'ennemi. Si un pareil plan était susceptible d'exécution parce que l'on pourrait disposer des ressources nécessaires, on s'empresserait de soumettre à l'approbation de V. M,, le projet le plus avantageux ; mais il est impossi ble de former une armée de 40,000 hommes quand les ar mées organisées manquent de ce qui est indispensable pour faire la guerre. Mais en supposant même que le gouverne ment eût à sa disposition tous les moyens nécessaires pour soutenir ce nouvel armement, conviendrait-il d'employer les troupes dans la Manche et dans la Nouvelle-Castille, alors que l'Arragon, Va'lence et la Catalogne ont besoin de ren forts pour délivrer le pays de la présence des factieux, et pour que l'armée du centre puisse prendre l'initiative ; en fin lorsque l'armée du Nord se trouve dans la même position par des raisons bien connues. Et que l'on ne dise pas que les armées d'opération se tiendraient sur la défensive, car il en résulterait les plus funestes conséquences. L'ennemi verrait...