Extrait du journal

1 ,"Celle petite clause, qui pouvait paraître à première vue une simple clause de style, a tout décidé. Le concurrent parti de New-York avec un sacoche bien garnie débarqua à Cherbourg le 5 juin. Le délai de grâce pour une surenchère expirait le lendemain, à minuit. 11 pouvait donc arri ver à temps en sautant « mathématique ment », comme l'eût fait Philéas Fogg, du paquebot dans le train de Paris, de Saint-Lazare dans un taxi, du taxi dans le train de Berlin à la gare du Nord. Il eût été à Berlin à 10 heures du soir, soit deux heures avant l'instant fatidique. Dans un film, c'était couru, c'était même trop simple. Mais, dans le cas présent, il s'est produit un fait inouï, incroyable, que nous nous refuserions à admettre comme possible si un journal américain ne é'en rendait garant. L'Américain arriva fatigué de la traversée. Et, ce qui est en core plus extraordinaire, il tint compte de sa fatigue, il se coucha en arrivant à Paris, s'estimant couvert par un télé gramme où il annonçait son arrivée et ses intentions. . Le. lendemain matin, tout pouvait encore se réparer.' Un avion pouvait, dans le temps voulu, effectuer le parcours. Rien de plus, simple que de le prendre; un vul gaire Européen l'eût fait. Comment un citoyen du nouveau monde a-t-il pu hési- , ter ? C'est un mystère, le plus passionnant peut-être des « mystères de New-York ». Ce qui est certain, c'est que l'honorable gentleman se contenta prosaïquement de prendre le train et arriva comme le plus arriéré des carabiniers. Ses dollars lui sont restés pour compte, car son télé gramme ne pouvait le dispenser de la con dition formelle « espèces en mains »'. A. A.-P....