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Journal des débats politiques et littéraires, 22 décembre 1837

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Journal des débats politiques et littéraires
22 décembre 1837


Extrait du journal

Le dernier paragraphe de l'Adresse de la Chambre des Députés a été voté dans la séance du 13, où le général Nar vaez a prononcé un discours remarquable et qui a produit sur l'assemblée une sensation assez vive. Nous croyons de voir le citer, à cause de la célébrité récemment acquise par ce jeune et brillant officier. Messieurs, a dit te général Narvaee, la guerre civile doit être la question suprême dans le Congrès ; elle est d'un in térêt général, et depuis la Reine jusqu'au dernier citoyen , chacun lui doit une attention spéciale ; c'est à nous surtout, qui avons l'honneur de représenter la nation, qu'il appar tient de lui procurer cette paix qu'elle désire et à laquelle lui dorment droit son courage et sa constance. (On applaudit.) Le pays peut encore se sauver par ses propres ressources. (Bien ! bien !) Je ne veux pas pour cela me prononcer contre line coopération étrangère ; car avec elle nous délivrerions |>lus promptement le peuple des maux qu'il endure. Mais si cette coopération n'a pas lieu, soit parce que l'Angleterre aie croit pas le jour venu, soit parce que la France ne veut pas la donner, Députés de la nation espagnole, ne l'oublions pas, nous pouvons, malgré teut, nous sauver nous-mêmes. §i nous n'avons pas encore remporté la victoire, ce n'est pas parce que nous avons été seuls à combattre, ce n'est pas à cause de la position topographique des provinces, théâtre de la guerre, ce n'est pas a cause de la proximité de la France et des secours fournis aux factieux par la France et l'Angleterre : non, ces causes existeront toujours : la faction en a tiré parti, surtout parce que nous avions eu le toit de confondre la question politique avec la question mi litaire. ( Très bien ! ) » Le passé doit nous servir de leçon, et dans la prochaine «campagne, instruits par l'expérience, nous triompherons. Mais, si nous restons désunis, si nous nons déchirons, il n'y -aura encore pour nous, comme autrefois, que des désastres, ■et la liberté périra. Oui , Messieurs, je suis décidé à vous ■dire toute la vérité. Il y a quatre ans que la guerre est commencée. La nation alors, s'appuyait sur un gouverne ment fort, de toutes parts obéi ; le peuple était uni, l'armée, nombreuse, riche d'instruction et de discipline, décidée à défendre les droits nationaux. Telle était la situa tion de l'Espag-ae, quand un détachement d'insurgés leva, dans les provinces basques, l'étendard sinistre de la révolte. On devait à voir tomber sous les premiers coups d"une arpiée dévouée les ennemis de la liberté. II aurait dû en êt;re ainsi. Aujourd'hui, s'il en faut croire les minis tres, n ous sommes dans une position flatteuse et prospère ; nous sommes en bonne intelligence avec les puissances de l'Europe. « Les gouvernemens signataires du quadruple traité tra vaillent en notre faveur; ils nous donnent des secours; les arts et l'agriculture sont florissans. Si tout cela était vrai, nous devrions faire des lois tranquillement comme dans des jours de calme et de paix. Malheureusement il n'en est pas ainsi. Malgré d'immenses sacrifices, malgré de nombreuses victoires, la nation n'a recueilli aucun avantage. La nation n'a trouvé ni paix, ni ordre, ni justice, et la guerre civile continue au milieu des calamités publiques chaque jour plus écrasantes. Le ministère ne nous a pas retracé fidèlement notre position ; il ne la connaît pas, et je vais la lui dire. Nous avons perdu tous les points fortifiés que nous possédions au nord, nous avons laissé détruire la ligne qu'avait établie avec talent un brave général, et qui comprenait les deux tiers de la Navarre ; nous avons vu s'affaiblir considérable ment une armée forte, d'abord de deux cent quatorze mille combattans, et ce chiffre n'existe plus que sur les cadres of ficiels, d'après lesquels on continue d'exiger de la nation ce qu'elle n'a pas, ce qu'elle ne peut pas donner! (On applaudit.) ; La discipline s'est relâchée , et l'armée ne peut marcher au combat sans avoir été, réorganisée. Nos magasins , nos bôpitaux, ont disparu. Le numéraire est épuisé, comme le crédit public. Voilà notre position. Elle déchire le cœur, mais elle n'est pas sans remède. La victoire a de nouveau plané sur nos drapeaux, et la discipline commence à renaî tre sous les auspices du comte de Luchana, qui a châtié le soldat infidèle à son devoir; mais la réorganisation complète de l'armée ne dépend pas des questions de politique. (Bien.) Pour que ces efforts ne soient pas perdns, il faut un gouver nement actif, vigoureux, capable de seconder les généraux, de faire respecter la discipline, de châtier d'un bras fort et vigoureux les criminels , en leur arrachant s'il le faut le masque du patriotisme et le voile officiel sous lesquels se cache leur ambition. (Très bien 1 ) » Il faut un ministère en état de répondre au vœu de la nation :la nation, par l'organe de ses représentai, a sanc tionné et décrété une loi fondamentale acceptée par la Cou ronne. La Constitution de 1837 est notre bannière ; quicon que ne la respectera pas, quiconque suscitera de nouvelles discordes, sera un traître ou un lâche, (On applaudit)...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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