Extrait du journal

Le tailleur du duc d'Orléans Le Figaro, que les lauriers du Gaulois empêchent de dormir, nous renseigne à son tour avec beaucoup d'exactitude sur les menus actes du duc d'Orléans. Il s'a git d'un pantalon et d'une redingote ; le chapitre des chapeaux viendra plus tard. Un certain nombre de Parisiens se font, comme on sait, habiller à Londres et les raffinés y envoient leur linge, car on ne lavé et on ne repasse bien que sur les „ bords de la Tamise. Le duc d'Orléans a voulu donnèr une leçon à ces mauvais patriotes ; il habite Londres, il charge un tailleur parisien du soin de garnir sa garde-robe. Voilà, penserez-vous, un événement de très mince importance ; vous oubliez alors qu'il n'est rien de petit chez les grands. S'il faut en croire le Figaro, cette petite cause aura de grands effets ; du moins, les partisans convaincus du prince , sont fort enclins à le , croire. Victimes d'une illusion « puérile et touchante », ils voient dans ce siçiple fait « une marche en avant et leur espoir d'une monarchie prochaine s'en échauffe ». Moins échauffé et plus sceptique, notre confrère ne va pas jusqu'à dire : « La monarchie est faite »; il se borne à louer cette « déter mination gentille et presque patrioti que » ; elle est le fait d'un bon prétendant qui ne veut rentrer en France que « coupé et habillé » par des mains françaises. Toutefois, le plaisir qu'en ressent le Figaro ne va pas sans une préoccupation et une crainte. Comment s'y prendra le tailleur? C'est, paraît-il, une cruelle énigme ; le Figaro, par bonheur, en a trouvé la solution. Elle est.des plus simples, comme tout ce qui semble très compliqué, l'œuf de Christo phe Colomb, par exemple ; le tailleur ira « lui-même essayer le prince ». Pour ce qui est de prendre les mesures, aucun déran gement ne lui sera imposé. Dans sa pré voyance, le duc d'Orléans vient de lui en voyer une redingote et un pantalon...