Extrait du journal
Le Congrès de la Fédération républicaine a obtenu un très grand succès, à la fois mérité et réconfortant. Il est mérité, car il est la récompense de plusieurs années d'un effort soutenu et courageux. Dire au pays la vérité, même quand elle n'est pas agréa ble, surtout quand elle' n'est pas. agréable, est le devoir de tout bon citoyen, à plus forte raison de tout homme politique digne de ce nom. A ce devoir se dérobent • tous les démagogues, tous les clowns de la parade électorale, tous les amateurs de surenchères irréalisables: hommage soit rendu aux diri geants de la Fédération, aux infatigables conférenciers qui sèment la bonne parole dans tous les sillons, et grâce auxquels a pu germer la renaissance libérale, dont les der nières élections ont attesté la poussée. Le pays est las des flagorneurs, des endormeurs, des profiteurs. Il a soif de courage et de franchise, il sera sauvé et il commence à s'en douter quand les affaires publiques seront entre des mains qui n'auront pas pour première préoccupation de prendre part à la foire d'empoigne, dont trop' de scandales nous donnent l'écœurant spectacle. Plus il constate qu'il y a « quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark », plus le bon peuple de France éprouve la volonté d'un redressement. Les modérés ne travaillent pas pour une «petite chapelle. Ils soutiennent et continueront à soutenir tout gouvernement soucieux du bien public, sans lui demander rien d'autre que de s'en tenir à cette ligne de conduite. Ce n'est pas de leur côté qu'on dénonce l'union ou qu'on se refuse aux sacrifices qui la permettent. Le Congrès de Paris n'a pas été un foyer d'in trigues comme celui d'Angers. Nul n'a cher ché à rendre intenable et intransigeante la situation des ministres du parti au sein d'un ministère qui est forcé d'être éclectique. La politique de principes n'est pas incompatible avec l'esprit conciliant. Tout m'est facile, di sait Henri IV, quand il s'agit du bien du pays. Il ne le disait pas en termes aussi élo quents et aussi choisis que ceux dont M. le bâtonnier Fourcade a le séduisant secret. Mais le sentiment est le même, et il est tou jours le bon : subordonner toute question per sonnelle à l'intérêt national. Patriotisme in tégral et libéralisme absolu, là est « la lu mière et la force ». M. Marin, rendu complètement à ses fonc tions actives de président de la Fédération, n'est pas de ceux qui n'envisagent du pou voir que les avantages. Nul ne lui a jamais reproché de craindre les coups ou les respon sabilités: il aurait plutôt une tendance à les rechercher. On ne se le représente pas dans le rôle d'un roi fainéant, content d'un fau teuil dans un char- à bœufs. Ce n'est pas sous cette forme placide qu'il se figure le char de l'Etat. Homme d'action, d'une action raisonnée et fondée sur des principes, mais, néanmoins, pratique et efficace, M. Marin a donné à la Fédération une allure combative et populaire que les partis modérés n'ont pas toujours eue à ce degré, dont ils avaient, du reste, moins besoin en des temps où la me nace antinationale et antisociale était moins instante. Il n'a pas toujours le sourire, et il s'en est spirituellement excusé pas trop, comme bien vous pensez car nous sor tons d'une situation grave, et il serait même prématuré de croire que nous en sommes, quoi qu'il arrive, irrévocablement sortis. Ca tilina est toujours à nos portes, comme on disait du temps de la Révolution. Il y est même à beaucoup d'exemplaires, et bien des gens hésitent à lui mettre la main au collet. M. Marin n'hésiterait pas. On le sait, et 011 lui en sait gré. A. A.-P....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - briand
- marin
- hymans
- pangloss
- w. bruins
- street
- etranger
- gutenberg
- moreau
- léon delà
- france
- autriche
- bolivie
- allemagne
- angleterre
- berlin
- chambre
- dawes
- cham
- lugano
- société des nations
- sénat
- comité des experts
- m. b.
- parlement
- armée française
- chambre des communes
- m. g.
- congrès de paris
- fédération républicaine