Extrait du journal

2l FÉVRIER. L'intrigué prétend que nous lui demandons une chose impossible, tout-à-fait impraticable. Et celte chose im praticable dans un gouvernement parlementaire, quelle est-elle donc? C'est que les adversaires occultes du ministère, au lieu de manœuvrer sourdement dans les coulisses, montent à la tribune, disent franchement ce qu'ils trouvent à reprendre àla politique actuelle, et s'engagent, par une conséquence toute simple, à en suivre une autre. Voilà ce qu'on demande. Est-ce si difficile? * ' L'intrigue répond : Mais nous ne sommes pas encore ministres. Ce n'est pas notre politique que la Chambre a à juger, c'est celle du ministère.—Non, vous n'êtes pas encore ministres. Vous n'êtés pas même, nous l'espérons bien, aussi près de le devenir que vous le croyez. Il y a dans cette ambition, qui vote, mais qui n'ose pas discuter, quelque chose de perfide qui doit rebuter les honnêtes gens. Vous n'êtes pas ministres; et cela vous empêche de monter à la tribune ? cela vous empêche de dire pourquoi vous n'avez pas confiance dans le mi nistère actuel? Vous voulez le renverser : vous blâmez donc ce qu'il fait? vous feriez donc autre chose? Que feriez-vous à sa place ? Si vous le savez, dites-le ; si vous ne le savez pas, il faut avouer que vous offrez de belles garanties au Roi, aux Chambres, au pays, et qu'il y a hâte de renverser une administration sous la quelle la prospérité générale a fait de merveilleux pro grès, pour mettre à la place des ministres qui ne son geront à avoir une politique que le lendemain de leur nomination ! _ * En sommes-nous encore à ignorer les premiers élé ments du gouvernement représentatif? Est-ce que tout le monde ne sait pas que la Chambre, quand elle ren verse un ministère, se doit au moins à elle-même, doit au Roi et au pays d'indiquer clairement le sens et la portée de son vole ? Est-ce qu'il serait digne d'un grand corps politique comme la Chambre de dire simplement àla Couronne : Voilà un ministère qui me déplaît, j'en veux un autre. Pourquoi vous déplaît-il ? Je ne le sais pas; devinez! Quel ministèrp voulez- vous à la place? quels sont les hommes qui ont votre confiance, puis que ceux-ci ne l'ont plus ? Je ne le sais pas davantage; voyez, cherchez; tâchez d'avoir la heureuse....