Extrait du journal
arrivons tout de suite à un drame assez vrai semblable et qui ne manquera,ni d'esprit ni d'intérêt. Au premier acte, et j'en suis taché pour le spectateur, nous sommes transportés dans une petite cité des bords du Rhin,«où toutes les oisivetés donnent chaque année un rendez-vous stupide à toutes les vanités permises et défendues. Nous sommes à Bade, à Wiesbaden, où vous voudrez, partout où l'on joue et partout où les dames du plus triste monde • apportent en tribut leurs vieilles gazes et leur visage ridé du dernier hiver. L'ennui même est le stupide habitant de ces plages à la mode; il règne en maître au milieu de ces tribus d'oisifs accourus de l'extrémité des deux mondes, et... c'est tou jours sur le même air la même chanson. Aller là n'est pas un luxe; c'est une grosse dépense : on s'y montre, et pourquoi faire? à quoi bon? Qui fait sérieusement du luxe etde la vanité parisienne sa vie ordinaire au rait grand tort de perdre à ce métier des eaux le peu de crédit qui lui reste. Au contraire, un menteur habile, une hâbleuse ingénieuse et qui sait son métier -de hâbleuse a grand soin do se cacher en été et d'épargner dans le silence et dans la solitude prudente le peu d'argent qui doit lui servir à reluire, à bril ler, à resplendir, à s'enfler quand la brise se ra venue. En été, l'économie; en hiver, la dépense, et la recette... s'il plaît à Dieu! > Cependant Mm? Morel, une honnête femme, et bien posée en un coin du monde parisien, arrive en ce lieu décrié, menant avec soi sa fille Esther, une aimable et_ chaste jeune fille qui manque un peu de bon sens, et qui ne voit pas, quand tout devrait la pré venir des imprudences et des méprises de madame sa mère, qu'elle est bien près d'être perdue. On a beau nous dire : « Esther est si jeune!,., » Il y a toujours, dans une fille bien née, et fille d'un père honnête homme, un secret instinct qui l'avertit, qui la retient, qui lui dit : Sois prudente, et prends garde à tout, surtout à la conduite, à la vanité de ta mère! Il y avait une jeune fille ainsi faite dans le DemUSîondc; elle pressentait le piège, elle devinait l'embûche; elle savait confusément, mais enfin elle le savait, que le tète-à-tête est dangereux, qu'il ne faut pas vagabonder avec le premier venu, que la montagne a ses dangers, que le vallon a ses t'ente lions, que le bord des fontaines est glissant ; cl ,f ailleurs que dit la chanson ?...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - morel
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