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Journal des débats politiques et littéraires, 23 décembre 1851

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Journal des débats politiques et littéraires
23 décembre 1851


Extrait du journal

» Je tiens mes fonctions d'un pouvoir régulier, » répondit M. Collet-Meygret d'une voix ferme et » calme; je ne les céderai pas h une dépulation de » l'émeute. » Vous comptez sur vos soldats? reprit Redon. »» Eh bien ! ils ne feront pas feu. Ils savent comme » nous que la Constitution est violée, que le peuple » est rentré dans ses droits; toute résistance est im » possible. Nous sommes d'ailleurs en nombre : plus » de dix mille personnes sont réunies, prêtes à mar » cher. • » N'aurais-je que deux hommes avec moi, ré » pondit aussitôt le sous-préfet, que je n'hésiterais » pas à me faire tuer avec eux. Je m'adresse à votre » conscience; à ma place, agiriez-vous autrement ? » Redon, émq, s'approcha du sous-préfet, et lui dit avec une sorte de courtoisie : « Je vaudrais tout à » l'heure pouvoir mettre mon corps entre une balle » et vous. » Ladéputation sortit sur ces paroles, annonçant que le peuple allait se présenter. » Aussitôt après le départ de ces hommes, le sous préfet adresse un billet au commandant de place, et le prie d'envoyer d'urgence au secours de la sous préfecture cent hommes qui se trouvaient de piquet à la caserne ; puis il s'élance dans la cour, appelle le poste aux armes, et prie le lieutenant Mon jarres de pres crire de les charger. Bientôt un tambour lointain se fait entendre. C'est la troupe qui arrive de la ca serne, commandée par le capitaine Lehongre. Ces sol dats, conscrits de huit jours, ne savaient pas même charger leurs armes; il fallut leur apprendre à défaire ies paquets de cartouches, en face même des insurgés qui débouchaient en ordre sur la place Saint-Sauveur. Le sous-préfet, son écharpe mise en sautoir, afin d'être vu de tout le monde, ordonna aussitôt les som mations, et s'avança avec le commissaire de police chargé de les exécuter. » D'après le maire, les insurgés gagnaient du ter rain à petits pas. Au second roulement du tambour ils firent feu; la troupe riposta à son tour, et cette dé charge à dix pas en coucha sept sur le pavé, et en blessa une soixantaine. Il était temps ; ies bandes re poussées allèrent prendre position plus loin, et, proté gées par l'angle des maisons de la place, elles enga gèrent un feu de tirailleurs qui dura de sept heures à sept heures trois quarts. Les munitions allaient man quer, quand le reste de la garnison, accouru au pas de charge, vint débloquer définitivement le poste de la sous-préfecture et décider du succès de la lutte. » Repoussés sur ce point, les insurgés avaient gagné les quartiers Saint-Félix et de la Madeleine ; ils y avaient assassiné lâchement deux personnes honora bles de la ville qui traversaient la place sans armes, et déjà ils cdtamençalent à former des barricades, lorsqu'une charge brillante de quelques soldats du...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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