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Journal des débats politiques et littéraires, 23 janvier 1846

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Journal des débats politiques et littéraires
23 janvier 1846


Extrait du journal

dre, en lui criant : Vous avez bien fait! très bien! très bien! Toute la question est de savoir de quel côté siège un député. Siégez-vous à gauche ? Allez en paix ; que votre conscience ne se trouble pas : est il défendu de protéger les intérêts de sa localité ? Ne doit-on pas quelque chose à ses électeurs? Les patriotes seront-ils les seuls qui n'obtiendront rien? Ne serait-il pas étraDge que les arrondissemens qui méritent le mieux de la patrie, parce qu'ils nomment des députés de l'Opposition, dussent se passer des faveurs du gouvernement ? Un arrondis sement a besoin d'une école , d'un pont, d'un ca nal, d'un chemin de fer; qui sera son organe au près du gouvernement, sinon le député qui est à Paris, qui voit les ministres? Pourvu que ce député vote contre le ministère, tout cela sera pur, tout cela sera légitime. Il n'est interdit qu'aux députés de la majorité, sous peine de corruption, d'avoir de l'influence et d'en user. Quant aux procédés de l'Opposition et à son but dans cette discussion , vous allez tout de suite les comprendre. Les procédés sont fort simples : on re cueille des anecdotes vraies ou fausses; on apporte à la tribune tous les bruits de petite ville qu'on a pu ramasser. On espère que le ministre, pris à l'improviste, ne répondra pas. On ajoute, on change ou l'on oublie quelques petites circonstances pour donner plus de piquant et de portée à l'anecdote. Un juge de paix a été nommé : on oublie que c'est sur la présentation des magistrats du ressort, du procu reur du Roi et du procureur général, du président du tribunal de première instance et du président de la Cour royale. Cette circonstance est-elle ré vélée par le ministre de la justice? On en appèle contre le malheureux juge de paix de l'opinion des magistrats qui le connaissent et qui ont signé leur témoignage à l'opinion publique qui ne signe et ne témoigne rien. On attaque sa considération, sa probité ; il n'est pas là pour se défendre ! Nous avons été témoins aujour d'hui de ce scandale ', et nous , demanderons à M. Georges Lafayette quelle garantie il entend ac corder aux citoyens contre des accusations d'au tant plus cruelles, qu'elles seraient couvertes par l'inviolabilité dé la tribune ? S'agit-il d'une lettre signée par un conseiller d'arrondissement? Les choses sont si bien arrangées, que l'on croirait que c'est l'agent de l'administration, le sous-préfet qui a écrit la lettre et qui l'a signée, changement sans con séquence ! Des électeurs, dont les titres sont contes tés ~font défaut devant la Cour royale pour se donner le temps de voler avant l'arrêt ? C'est lé préfet qui a fait défaut. Le préfet! cela vaut bien mieux ! M. Duchâtel aura peut-être oublié la loi électorale, ou il n'aura pas la présence d'esprit de rappeler à M. de Malevilie que le défaut du préfet ne peut arrêter en rien le cours de la justice ! Lés anecdotes sont démenties? Elles tombent une à une devant les explications du gouverne ment ? Qu'importe ? L'Opposition ne les tient pas moins pour avérées. La preuve de la corruption est acquise. M. Odilon Barrot monte à la tribune, le front chargé de nuages. 11 présente un amende ment dont le but est de flétrir toute l'administra tion. Dans un long discours il recherche et il trouve les causes de cette corruption qui n'existe pas ; il raisonne sur des faits qui ont été détruits l'un après l'autre ;il en appelle aux honnêtes gens, et ceux qui n'auraient pas entendu un mot de cette discus sion pourraient être mus par l'émotion factice de M. Odilon Barrot ! Factice, non! M. Odilon Barrot a sa candeur; il a foi dans l'Opposition, ou plutôt dans lui-même : c'est sa croyance , c'est sa reli gion. Depuis quinze ans, il croit avec la plus grande sincérité du monde défendre et protéger la monarchie constitutionnelle. Il la protégeait contre Casimir Périer ; il la défend contre M. Gui zot. Il la protège aujourd'hui avec M. Thiers ; il la défendait il y a dix ans avec les républicains. Il a si gné le compte rendu pour la défendre ; il s'allie maintenant avec le centre gauche pour la proté ger. Nous , qui ne nous croyons en aucune sorte obligés de refuser à nos adversaires tout talent et toute honnêteté, notre cause est trop bonne pour cela , nous dirons que M. Odilon Barrot s'est no blement défendu aujourd'hui contre M. LedruRollin. Que manque-t-il donc au chef de la gau che ? Une seule chose, mais quelle chose , hélas ! la justesse de l'esprit. Quant au but de tout ce bruit sur la corruption électorale, est-il difficile à deviner? L'Opposition pense que les élections auront lieu cette année. Que voulait-elle? Effrayer d'avance les fonction naires et semer dans le pays une petite terreur électorale. Alors tout aurait été au mieux. Plus d'obstacle aux manœuvres de l'Opposition, plus de contre-poids au charlatanisme de ses promesses et à l'impudeur de ses alliances aveotous les par tis. Ses comités auraient eu le champ libre, et l'adminisfratiog n'aurait été là que pour assister en...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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