Extrait du journal

Mais c'est aussi un essai historique. Cent pages d'introduction précèdent le récit, et ces cent pages sont consacrées à une *critique rai sonnée des « sources ». Les écrits de saint François lui-même et les écrits de ses bio graphes y sont groupés, classés, étudiés avec un soin minutieux et précis. L'authenticité de chaque, légende y est examinée. Et ce long avant-propos ne satisfait pas encore la scru pule scientifique de l'auteur. Presqu'à chaque page, soit en note, soit dans le texte, les « sources » sont de nouveau signalées et discu tées. Tout cet appareil est un peu encombrant. On est tenté quelquefois de dire à l'auteur les mots qu'une voix mystérieuse répétait au frère Elie dans l'ermitage de Fonte-Colombo : Sine [jlossa, sine glossal Ces mots, l'auteur les a lui-même entendus,tandis qu'il se livrait à son labeur d'érudit. Il sait, et il prend garde de le rappeler en vingt passages, le grand mé pris de saint François pour toute science livresque « non seulement inutile, mais nuisi ble ». Il n'oublie pas la réponse de François à un novice qui lui demandait la permission de posséder des livres : « L'empereur Charles, Roland, Holger ;et tous les grands héros ont combattu avec beaucoup de sueurs et beaucoup de fatigues contre les incrédules et ont fini par les vaincre, ot sont devenus de sainte.martyrs, et sont tombés dans" leur lutte pour la foi du Christ. Mais aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui veulent se gagner de la gloire et des louanges auprès des hommes, en racontant sim plement ce que ces hommes ont fait et souffert ; et pareillement il yen a beaucoup qui veulent se gagner renommée et considération, simple ment, en racontant et prêchant les magnifiques actions qu'ont accomplies les saints. » Sans doute il lâche de montrer que, contre l'opinion de Sabatier, François ne condamnait pas toute science et il cite alors cette autre parole du saint : * Tous les théologiens, et tous ceux qui .nous servent en nous expliquant la parole de...