Extrait du journal
Après quatre jours de débats nourris, ani més, éloquents parfois, le Conseil national a donné son préavis sur la troisième initiative proportionnante : par 106 voix contre 62, il en a décidé le rejet. Le Conseil des Etats se prononcera à son tour cet automne. Puis la parole sera au peuple. Dans tout le pays on a suivi avec un très grand intérêt les phases d'une discussion qui comptera parmi les plus amples,et les plus complètes de la .législature actuelle. Les proportionnantes ne se sont jamais bercés de l'illusion que le Parlement accep terait la réforme électorale : c'est sur le vote du peuple qu'ils fondent leurs espoirs. Mais» ils peuvent se déclarer hautement satisfaits du résultat matériel et moral d'un débat qui a permis de mesurer tout le terrain gagné depuis quatre ans, soit depuis la lion populaire de 1910. On se souvient peut-être qu'alors la R. P. n'avait été repoussée qu'à une majorité d'à» peine 25,000 voix sur 500,000 votants. Par contre, 13 cantons sur 22 s'étaient prononcés en sa faveur. C'était presque la victoire. De puis ce moment, la réforme a continué sa -marche en avant : elle a conquis le grand cantonade Saint-Gall et la ville de Zurich; les communes qui l'ont adoptée pour leur ménage intérieur sont devenues de plus en plus nombreuses. « La R. P. perd parfois des batailles, elle ne perd jamais de terrain », a dit un orateur du Conseil national, M. Fissières, jeune dé puté valaisan dont les brillants débuts ont été fort remarqués. Celte parole est, en notre pays comme ailleurs, la vérité même. Le parti radical est au pouvoir depuis plus de soixante ans. Et il a commis la faute de lier son sort au maintien du système majo ritaire. Il ne peut se résigner âne plus exer cer l'omnipotence. Un de ses orateurs a dé claré que voter la R. P. ce serait « mécon naître la grande pensée nationale qui nous conduit depuis 1848 ». La « grande pensée nationale », cela veut dire simplement le droit du parti radical d'avoir plus de dépu tés que sa force numérique ne lui en ac corde. Et, à ce propos, nous avons eu le regret d'entendre un membre du gouvernement, M. Hoffmann, déclarer qu'il deviendrait partisan de la R. P. dès qu'on lui aurait démontré que les partis de minorité sont lésés par le système majoritaire. En effet, qui aurait la moindre raison de se plaindre, tant que le parti radical est satisfait ? « Quand j'ai bu, disait l'autre, toute la Pologne est ivre. » En vertu de ce raisonnement mirifique, les chefs radicaux s'efforcent pour la troi sième fois de mobiliser contre la R. P. leurs, troupes encore bien disciplinées. Et pour-., tant le principe de justice a poussé dans la,...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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