Extrait du journal

Les Allemands, nos alliés et les neutres perdent constamment de vue quelques élé ments essentiels de la situation troublée d'aujourd'hui. Après le traité de Franc fort la France vaincue s'est recueillie dans le silence et le travail. Elle a payé sans récriminations, en devançant les délais, l'énorme indemnité de guerre mise à sa charge. Son gouvernement, son Parlement et sa population ont observé une attitude correcte à l'égard de l'Alle magne. Néanmoins Bismarck brandissait ses foudres contre nous dès que les be soins de sa politique intérieure l'enga geaient à exhiber le . spectre de. la guerre. La paix occidentale a duré plus dé qua rante ans sans que la France ait fait un geste ou dit un mot pour la troubler. Au contraire, après le traité de Versailles, l'Allemagne coupable de la guerre et char gée d'innombrables crimes pendant les hostilités a pris une attitude de révolte et de défi. Exemptée de toute indemnité de guerre, elle ne paye même pas le montant dés réparations des dommages qu'elle a causés. :Elle déclare qu'elle ne peut pas payer, et cependant consacre chaque an née des milliards au perfectionnement de son outillage économique. Elle se dérobe à l'exécution de certaines clauses territo riales. Elle organise ou laisse organiser dés formations militaires dans plusieurs des territoires cédés. Elle mobilise l'opi nion publique contre le respect des traités. On enseigne dans les écoles le droit à la revanche. Si la France s'était après 1871 permis-la centième partie de ces bravades, elle aurait été piétinée par Bismarck- et Guillaume ler.Ier. Depuis 1919 nous laissons tout/dire, nous laissons presque tout faire à nos voisins, et c'est nous qu'on accuse dé sinistres desseins! C'est à nous que plusieurs de nos alliés demandent du sang froid et de la modération. C'est le Reich coupable et provocateur qui est pris sous la: tendre protection d'hommes politiques britanniques et italiens. C'est à nous qu'on reproche d'entraver la reconstitution éco nomique de l'Europe. Il semble qu'on n'at tende qu'une imprudence de notre part pour nous dénoncer ouvertement comme des fauteurs de guerre. Nous nous garde rons de commettre cette imprudence, mais nous voulons rétablir les. responsabilités. Les véritables fauteurs de guerre sont les hommes qui encouragent les résis tances de l'Allemagne, ou qui tendent les bras" dans l'espoir d'y pêcher divers bénéfices. Si, dès 1919, le gouvernement britannique et les hommes qui interprètent au dehors sa pensée avaient déclaré nette ment au Reich qu'il serait obligé bon gré mal gré, sous peine d'astreintes maté rielles, d'exécuter ponctuellement ses en gagements, les Allemands se seraient mis au travail pour payer leur dû, comme noiis après 1871. Mais les hommes dirigeants de la Grande-Bretagne se sont ingéniés à lier le sort économique de l'Angleterre à celui de l'Allemagne. Bien plus : ils ont fait appel, pour reconstruire l'Europe, aux destructeurs de la Russie, aux voleurs et aux assassins qui oppriment le peuple russe. La morale humaine et divine est bafouée. On a inauguré en diplomatie des mœurs de coupeurs de routes. Les peu ples 'déconcertés ne savent plus sur quoi s'appuyer, vers qui se tourner. Les aven turiers civils et militaires voient s'ouvrir devant eux une carrière presque illimitée. Voilà le véritable danger de guerre. Si l'on veut vraiment le faire disparaître, il faut cesser d'encourager les criminels et les parjures. Il faut assurer le respect des traités. Lé mondé reprendra sa marché...