Extrait du journal

La destruction systématique des jeunes poissons menace de ruiner l'industrie de la pêche maritime. Cette importante question a été discutée au Conseil international pour l'exploration de la imer qui s'est tenu à Copenhague en juin dernier. Les délégués de quatorze pays s'y trouvaient réunis. Le gouvernement britannique, qui n'avait pas attendu les recommandations du Conseil international, avait fait établir deux textes de lois qui ont servi de base à la discussion de ce Conseil, l'une fixant le minimum des dimensions des mailles des filets de pêche, et l'autre précisant les tailles marchandes pour certains poissons dont la disparition est le plus à craindre, tailles au-dessous desquelles ces poissons ne pourront être vendus. Les mesures préconisées par ces textes ont été approuvées par le Conseil international, qui en a recommandé l'application à la fois dans les eaux côtières et en haute mer. Il y a eu une seule abstention : celle du délégué représentant spécialement le ministre de la marine marchande, qui « a tenu à préciser que le gouvernement français entendait con server sa liberté d'action en ce qui concerne les eaux côtières ». A propos de ces réserves, M. Le Danois, directeur de l'Office technique et scientifique dès (pêches, a fait observer, avec Infiniment de raison, que la prudence recommandée pâr notre délégué « risque d'aller à l'encontré du but poursuivi », et il ajoute : « Voilà plu sieurs années que l'Office attire l'attention du ministre sur le dépeuplement des fonds de pêche ; ajourner l'application des mesures de sauvegarde préconisées par le Conseil in ternational, dans le but de ne pas léser des pêcheurs, aboutira à ce résultat paradoxal de les léser bien davantage, car il n'y aura plus de poisson dans les fonds côtiers où ces poissons se reproduisent. » Pour protéger les petits poissons, il existe un décret du 10 mai 1862. Mais,- comme tant d'autres textes, ce décret n'a jamais été réel lement respecté. Pour ne pas ennuyer les gens, on les laisse courir au suicide. Quand il n'y a qu'un intérêt individuel en jeu, cela se comprend; mais non quand il s'agit, comme en l'espèce, du gaspillage d'une richesse natio nale dont la destruction aurait des réper cussions sur tout un ensemble de travailleurs, ces derniers, devant le fait accompli, se plaindront; mais il sera trop tard et on re grettera de vne pas avoir eu le courage de montrer clairement la situation quand il en était temps. Dans une lettre ouverte au mi nistre de la marine marchande, lettre que publie la Pêche maritime, M. Oscar Dabi, l'armateur rocholais bien connu, préconise l'application du décret du 10 mai 1862 si on veut le salut de l'industrie de la pêche. Il semble bien que ce soit là, en effet, la vraie solution....