Extrait du journal

L'élection au Sénat de M. Converset, dans l'Aube, est significative. Il s'agissait de remplacer M. Israël, radical-socialiste de marque. M. Converset n'a pas mis de faux nez. Il s'est franchement présenté comme candidat d'union antimarxiste. Il avait en face de lui M. Gentin, député radical-socialiste de la nuance du sénateur décédé. M. Gentin du reste ne faisait pas de son rôle de député radical-socialiste un grand éloge. Il se réclamait surtout de son titre de président du Conseil général, ce qui a toujours, aux élections sénatoriales, une importance considérable. Malgré tout il a été battu avec 257 voix contre 347. La diversion d'un candidat socialiste et d'un communiste n'a même pas amené un second tour. M. Converset, grand blessé de guerre, avait été battu- aux élections législatives, à Bar-sur-Aube et Bar-surSeine, dans des conditions très encoura geantes. L'encouragement n'a pas été un vain mot. Sans rien exagérer, il est juste de constater que les yeux commencent à s'ouvrir et que la leçon de choses donnée par l'essai désastreux de gouvernement socialiste, dont nous ne sommes sortis qu'à demi, a provoqué quelques réflexions salutaires, surtout dans les campagnes à qui appartient le dernier mot dans le collège des délégués sénatoriaux. Le Con seil municipal de Troyes a passé au Front populaire depuis son dernier renouvelle ment. Ce sont bien les communes rurales qui y ont fait contrepoids. C'est du fascisme, crieront les gobe mouches à court d'imagination. Allez-y. Est-ce aussi le fascisme qui explique le coup de balai magistral donné aux marxis tes dans le canton de Vaud, hier égale ment ? La Suisse est la doyenne des républiques démocratiques. Il ne s'y trouve pas la moindre trace de vieilles traditions royalistes, bonapartistes ou nationalistes. On y juge les partis et les doctrines sur leurs résultats. C'est après épreuve faite que successivement tous les cantons et toutes les communes qui ont tâté du régi me communiste le mettent à la porte et même hors la loi. La ruine des finances, le marasme économique, la destruction de la conscience professionnelle ne paraissent pas à nos voisins des expériences à pro longer. Ils n'ont pas le dédain des réalités, signe particulier de « l'état d'esprit » de beaucoup de Français quand il s'agit de politique. Là-bas on n'a pas peur des mots : la perspective d'être traité de réac tionnaire laisse absolument froid l'électeur qui en a assez d'être taillable et corvéa ble pour le compte de Moscou. Le jour où cette sagesse paysanne, artisane et bourgeoise aura repris sa place chez nous, il y aura quelque chose de fait. Saluons les premiers rayons de l'aurore plutôt que de nous lamenter en l'air sur le Grand Soir....