Extrait du journal

La rubrique des faits divers et celle des tribunaux ont trop fréquemment, ces temps derniers, enregistré des cas dans lesquels des enfqnts avaient été odieusement maltraités par leurs parents. Aujourd'hui, on apprend que devant le tribunal correctionnel d'Abbe ville ont comparu un homme et une femme accusés d'avoir martyrisé l'enfant qu'ils avaient à soigner. Ici, il ne s'agit pas de parents naturels, mais de ce qu'on appelle, en termes administratifs des parents nourri ciers. L'enfant qu'ils martyrisaient leur avait été confié par l'Assistance publique. Le ministère public a demandé le renvoi de l'affaire afin d'être en possession de tous les éléments nécessaires pour réclamer une peine à la hauteur de la lâcheté de ces tor tionnaires. L'intervention du ministère public ne sau rait être trop approuvée. En un certain nom bre des affaires auxquelles nous avons fait allusion, l'opinion publique a été péniblement impressionnée par la quasi-insignifiance de la condamnation prononcée, étant donné le caractère odieux du crime commis. Dans le cas d'Abbeville, il y a deux faits qui doivent retenir l'attention. Il s'agit de parents nourriciers, c'est-à-dire d'une famille recevant de l'administration des enfants qui I n'ont pas de parents ou qui ont été enlevés I à des parents indignes. Dans l'ensemble, ces familles entourent de soins si empressés les enfants à éux confiés qu'il s'établit entre eux des liens affectueux indestructibles. Tous ceux qui ont vécu dans des régions où l'Assistance publique place des enfants connaissent des cas de ce genre. Ces enfants,, d'autre part, ne sont pas abandonnés par l'administration de façon dé finitive. Il y a une inspection des enfants assistés. Là aussi les dévouements sont nom breux. Mais on comprend que si une défail lance se produit, il importe qu'elle soit l'objet d'une sanction exemplaire. Les enfants martyrs ou abandonnés étant confiés à l'Assistance publique, il ne faut pas que ces malheureux tombent de Cha rybde en Scylla....